Chère Anne par mermed

Quel beau roman, une histoire d’amours, multiples,

celui de Rivi pour Anne Franck,

celui de Rivi et de Michaela, une jeune fille et une jeune femme à Haïfa dans les années 70, une période où «Nous n’avions rien pour nous raccrocher, personne pour nous dire qui nous étions, nous étions tellement hors normes, tellement solitaires dans notre amour, dans la peur, dans le secret.»

Aussi des amours pour des hommes, pour des enfants, pour la vie....

mais peut-être avant tout pour les mots, ceux des poèmes de Rivi,

devenue – ou pas – la jeunesse de Judith,

et les mots des poètes,

ceux de Sholem Aleichem, ou de Haïm Gouri,

et ceux de Lea Goldberg, dits après le kaddish:

«Je sais bien, ce jour rien n’a changé

Rien n’a eu lieu. Rien ne s’est passé.

Rien qui distingue d’autres jours, d’autres heures,

Signe ou marque, du pire ou du meilleur.

Pourtant le soleil a l’odeur du jasmin,

Pourtant la pierre frémit comme coeur battant,

Pourtant le couchant est couleur de l’orange,

Et le sable avance des lèvres caressantes.

Comment m’en souviendrai-je, anonyme, banal,

Comment conserverai-je sa grâce surgie soudain

Comment croirai-je qu’un de ces jours survint

Où je ne fis plus qu’un avec les éléments.

Où chaque arbre était une voile frissonnante

Où le silence avait le regard d’une enfant,

Où les larmes sentaient bon la nature en fleurs,

Où le nom de la ville ressemblait au nom de mon amour.»

Un très beau roman, par Judith Katzir – une auteure de la même stature qu’Amos Oz, un de ces écrivains qui ne seront jamais nobelisés parcequ’ils sont Israéliens.