Beaucoup d'écrivains de littérature "noire" racontent un jour où l'autre des histoires de séquestration. Comme le Néo-Zélandais Carl Nixon avec Une falaise au bout du monde, par exemple. Quoique par sa maîtrise de l'horreur et son pouvoir de suggestion, c'est plutôt à son compatriote Paul Cleave que l'on pense, en lisant Chère petite de Romy Hausmann. Impossible aussi, en découvrant le début du livre, à ne pas se référer à Canine, le film de Yorgos Lanthimos. Cette histoire de séquestration, quand elle est racontée à hauteur d'enfant, a sans doute des airs de "déjà vu" par son côté faussement naïf mais sa perspective s'élargit peu à peu à d'autres personnages qui achèvent de mettre en place un puzzle savant qui ne sera complété qu'au bout du roman. Romy Hausmann est très habile à installer une tension psychologique intense avec cette alternance de voix dans un récit qui suggère l'atroce et le malsain, réussissant de peu à ne pas tomber dans un sordide qui serait complaisant. Le livre est puissant pour décrire les violences faites aux femmes et la monstruosité de certains hommes qui croient pouvoir les écraser par la torture psychologique et physique. On ne peut s'empêcher de se demander de ce que donnerait Chère petite s'il était rédigé de manière chronologique avec un narrateur unique. La construction arachnéenne du roman est évidemment une forme de manipulation du lecteur en l'amenant dans des zones obscures où le mal devient à la fois source d'attraction et de répulsion. Chère petite est un coup d'éclat glaçant, un peu trop pervers peut-être, mais qui laisse à penser que son autrice n'en restera pas là et a sûrement d'autres histoires épouvantables à nous offrir dans le futur.

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le 5 août 2021

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