Et si Patrick Modiano n'était autre que le plus facétieux de nos écrivains ? A nous resservir jusqu'à plus soif une variante du "train fantôme du passé enfoui" (expression piquée à David Caviglioli dans L'Obs de la semaine), fébrile, il s'attend certainement à chaque fois que sa mystification soit découverte. Eh bien non ! Ses admirateurs l'emportent toujours haut la main sur ceux qui comme moi, même après la lecture d'une dizaine de ses romans, ne parviennent pas à éprouver le moindre intérêt pour les errances de ses personnages dans "les labyrinthes de l'identité trouble" (du même journaliste cité plus haut).
Ici, c'est Jean Bosmans, romancier, qui pense "tenir le fil qui permet de ramener à lui toute une bobine". Et Modiano d'égrener une longue liste de personnages aux noms plus divertissants les uns que les autres : Rose-Marie Krawell, René-Marco Heriford, Michel Degamat ou de Gama ( très irrité lorsque Jean Bosmans lui demande s'il est de la famille de Vasco ), les docteurs Rouveix et Robbes, ce dernier "au visage rassurant de notaire ou de pharmacien de province" (à Paris, ils sont plus inquiétants) "ou même de professeur d'université"(les têtes des facteurs, c'est souvent louche, c'est bien connu).
A réserver aux véritables connaisseurs de la Littérature dont je ne fais manifestement pas partie puisque je suis insensible à la "petite musique" de Modiano ...