La Despentes mexicaine
A travers de courtes nouvelles écrites à la sulfateuse, on découvre le portrait de femmes à la fois victimes d'une société mexicaine "qui déteste les femmes" et qui les "dévore" mais aussi et surtout...
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le 24 mars 2024
Le sauvage de Guillermo Arriaga restera, et pour longtemps, le roman de la violence mexicaine, dont la crudité était sublimée par la somptuosité du style. Celui qui fut d'ailleurs le scénariste d'Amours chiennes (tiens, tiens) a sans doute apprécié le recueil de nouvelles de sa compatriote Dahlia de la Cerda, journaliste et activiste, par ailleurs. L'autrice ne boxe certes pas dans la même catégorie littéraire que Arriaga car elle a volontairement décidé d'écrire avec des mots de la rue, de ceux, parfois orduriers, qui correspondent aux plus jeunes générations et aux protagonistes de ses nouvelles. Les différents récits, tous à la première personne, décrivent des vies de femmes prises dans l'engrenage d'une violence endémique, qu'elles soient victimes, le plus souvent, voire bourreaux, cela arrive. Les statistiques sont connues : 7 femmes sont assassinées chaque jour au Mexique et leurs corps subissent, très souvent, les pires sévices, même après la mort. L'écrivaine ne nous épargne pas certains détails sordides mais son intention est claire sous couvert de fiction nourrie à une sinistre réalité : ne pas s'en tenir à des chiffres abstraits mais exposer dans la lumière quelques-uns de ces féminicides en rendant palpable la souffrance de chacune des victimes et ce sentiment que la haine des femmes (misogynie est un terme bien trop faible) est viscérale, ancrée au plus profond de la société mexicaine, à l'instar de ce que l'on observe dans un nombre de pays, à des degrés différents, qu'il serait trop long d'énumérer. Sans pouvoir compter sur l'aide de Dieu, les chiennes de garde sont hélas confrontées à des loups sanguinaires et le combat ne pourra pas être gagné sans éduquer et changer les mentalités. Vaste programme !
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Créée
le 9 déc. 2024
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