"Pakombo, c'est le "coeur qui bat" dans la langue des indiens Guayakis."
Je n'ai pas lu ce livre de moi-même mais parce qu'il m'avait été imposé et je crois que je remercierai jamais assez la prof qui nous l'a imposé. C'est brillant, tout simplement.
L'amour que Clastre porte aux Guayakis transpire à travers les pages et nous contamine peu à peu. Je ne saurais dire si c'est cette façon de raconter cette civilisation à la fois si proches et si différentes de la notre, avec ses lois, ses conflits, ses effusions d'amour et de haine, ses enfants qu'on assassine pour venger la mort d'un membre de la tribu qu'on estime injuste et qu'on aime pourtant tellement qui m'a subjugué ou simplement cette plume magnifique. C'est beau comme du Cocteau et ça vaut bien la peine qu'on avale ces quelques 300 pages pour découvrir ces monstrueux cannibales émotifs.
Je pourrai m'étendre comme ça pendant des heures à vendre cette oeuvre qui m'a véritablement passionée, à raconter que même les avortements forcés, les rituels de vengeance où l'on va sauter à pied joint sur le mis-à-mort ont fini par ne plus m'effrayer tant ce livre est une invitation à la tolérance, à l'ouverture sur le reste du monde. On en sort nourris.
La seule chose que je reprocherais à l'auteur est l'organisation de son récit qui nous perd et nous empêche de lui emboiter le pas dans cette épaisse jungle sud-américaine. Mais c'est très probablement le voeu de l'auteur que l'on se fraye notre propre cheminement à travers ce récit.
Je tiens aussi à souligner qu'il faut lire ce livre avec à l'esprit que considérer sa société et son mode de fonctionnement comme supérieure est la plus grande des erreurs et prendre un vrai recul sur ses propres moeurs parce que les leurs interpellent parfois réellement. A commencer par cette drôle de cérémonies où l'on va fouetter à coup de verge de tapir la jeune fille à peine rêglée pour s'assurer d'une libido fonctionnelle...
Mais à mon sens c'est ce qui donne tout son charme à cette tribu qu'on a tant de peine à savoir éteinte, une fois le livre refermé...
Je recommande.