Moins connu que Philip Marlowe ou Sam Spade, les archétypiques héros imaginés par Raymond Chandler et Dashiell Hammett, Lew Archer, né en 1949 sous la plume de Ross MacDonald, mérite sa place sur la troisième marche du podium des grands «privés» de l'âge d'or du polar américain. Et même s'il est aussi dur à cuire que ses illustres prédécesseurs, pour les amoureux de films noirs il reste le plus cool, grâce à l'inoubliable Paul Newman qui lui a prêté ses traits à deux occasions (en changeant son nom en passant, de Archer à Harper). Dans Cible mouvante (au cinéma Détective privé, 1966), Archer est engagé par la femme d'un millionnaire californien dont le mari a disparu, alors que dans Noyade en eau douce (à l'écran La toile d'araignée, 1975), une riche cliente lui demande de retrouver l'auteur d'une lettre anonyme qui l'accuse d'adultère. Des enquêtes qui mènent ce mélancolique «héros démocrate» (MacDonald dixit), dans les recoins les plus sombres d'une société pourrie par l'argent et corrompue jusqu'à l'os. Deux joyaux du polar qui n'ont pas pris une ride.