Voilà un très grand roman d'aventures. Je ne suis sûrement pas très objectif : je lis toujours Jules Verne avec nostalgie, puisqu'il est le premier écrivain que j'ai aimé, celui de ma jeunesse. Mais ce roman, qui m'avait alors laissé plutôt indifférent, m'a passionné lors de cette relecture. Avec un grand sens du rythme, l'auteur enchaîne les aventures, les rebondissements et les épisodes. Pour ce faire, il privilégie les dialogues et laisse de côté les descriptions, toujours sommaires (j'aurais beaucoup aimé une description plus précise de Tombouctou, mais Verne n'avait apparemment pas le temps).
C'est évidemment un roman pour un jeune public : les invraisemblances et les facilités sont là aussi. Le vent emporte toujours les personnages vers ce qui les arrange. Mais ce qui dérange le plus poiur un lecteur actuel, c'est l'incroyable ethnocentrisme de Verne. Les Africains sont tous des sauvages effrayés par les progrès techniques, des êtres cruels ayant echappé au développement et forcément inférieurs aux Européens. C'est gênant, c'est idiot. Mais c'était la norme de l'époque : presque tous les écrivains du XIXème siècle y ont succombé (même Hugo; seul Alexandre Dumas, à ma connaissance, y échappait).
En bref, j'ai été passionné par cette histoire pourtant invraisemblable et gênante.