A vrai dire, j'attendais que le dernier volume de la trilogie soit paru, dans l'optique de me l'envoyer en suivant. C'est désormais chose faite et j'ai donc commencé par le début...A noter que j'ai déjà terminé la trilogie complémentaire de celle-ci, à savoir Capitale du Sud. Il est possible que cela n'ait pas forcément été très judicieux, parce que les deux histoires sont liées et qu'Amalia, le personnage principal de Capitale du Nord, ainsi qu'un certain nombre de personnages secondaires apparaissent dans le troisième tome de Capitale du Sud. Pour autant, les deux histoires paraissent tout de même relativement indépendantes. Et si des similarités thématiques existent (univers parallèles ou plus exactement villes miroirs, rôle des contes et légendes), il semble tout de même que les deux trames narratives soient suffisamment distinctes pour permettre une lecture indépendante des deux trilogies. En espérant chaudement que les deux volumes suivants révèleront un travail d'orfèvrerie pour les imbriquer finement.
Pour autant, les deux capitales sont aussi différentes que possible : celle du sud est clairement d'inspiration italienne (et ses habitants également); celle du nord serait plutôt d'inspiration batave ou teutonne. L'univers de la seconde est donc bien moins foisonnant et bien plus structuré que celui de la première. Sans doute un effet de miroir de plus dans une construction qui n'en manque guère : la symétrie et la dissymétrie sont omniprésentes dans les effets scénaristiques de des deux bouquins. Du coup, ce premier volume de Capitale du Nord est moins fou que son homologue sudiste, plus sérieux, plus raisonnable à l'image de sa narratrice Amalia.
Il n'est pas pour autant dénué d'intérêt, loin s'en faut. Même si la conclusion - dramatique, on peut s'en douter - est un peu lente à venir, le bouquin explore avec à propos des différences sociales qui vont jusqu'à structurer la ville, Dehaven, dans son urbanisation. Les grandes familles, autrefois nobles (qui ne le sont plus en théorie mais le sont demeurées en pratiques), comme celle dont est issue Amalia ne se mélangeant pas avec la populace, tout en l'exploitant sans vergogne. Intéressante également est la thématique de l'éducation "rationnelle" dispensée à Amalia (et à son promis) : son personnage, qui arrive à l'âge adulte, est parfaitement campé dans un mélange de cynisme froid, dénué de toute émotion, et d'innocence quasi absolue lorsqu'elle est confrontée au réel, hors du monde dans lequel elle a été élevée. On pourrait en fait aisément la comparer à une énarque.
Mais on se doute bien que la réalité va finir par la rattraper, pour le plus grand plaisir du lecteur. Alors en avant pour le second volume !