Entre Mars 2001 et Avril 2002, tout en se concurrençant dans une lutte sans merci, les services de renseignement français tentent de déjouer une tentative d’attentat à l’arme chimique, des islamistes radicaux ayant réussi à mettre la main sur une arme toxique extrêmement dangereuse en provenance d’Irak.

Dans cette période marquée par les peurs qui grandissent, avec les événements du 11 septembre 2001, l’explosion de l’usine AZF, et en ligne de mire les élections présidentielles françaises de 2002 et l’invasion de l’Irak par les Américains, Citoyens clandestins entraîne le lecteur sous la surface de l’actualité. Les titres de cette actualité sont présents au début de chaque chapitre, avant que le récit ne nous immerge dans ces guerres clandestines, guerre contre le terrorisme, mais aussi luttes de pouvoir et coups tordus des politiques et des services de renseignement qui s’étripent.

Malgré les dizaines de personnages, le récit est limpide, incroyablement réaliste, impressionnant de densité et de tension, démontant par contrepied les discours simplificateurs et manichéens des politiques et des médias. Grand prix de littérature policière 2007, formidablement documenté, accompagné d’annexes utiles en particulier sur les services de renseignement français, Citoyens clandestins réussit l’exploit - sur plus de sept-cent pages - de ne pas comprendre une phrase superflue, pas un instant de relâchement.

Citoyens clandestins fait donc partie de ces livres un peu problématiques : long mais impossible à lâcher avant leur achèvement.

«Le reste de l’actualité faisait la part belle à une vague d’arrestations dans les milieux islamistes. Déjà, les chroniqueurs établissaient des liens insidieux entre les deux événements [11/09/01 et AZF], évoquaient d’autres scenarios, encore plus catastrophiques que celui du Sud-ouest, ou dressaient des parallèles avec les attentats qui avaient été perpétrés dix jours plus tôt à New-York. Au lieu d’appeler au courage et à la sérénité, en commençant par manifester son calme, la grande machine à fabriquer de la paranoïa se mettait en branle pour effrayer les masses. Ainsi, même s’ils n’étaient pas impliqués dans l’incident de la veille, les terroristes avaient atteint leur but, l’Occident des croisés tremblait de peur et se préparait à la guerre.»

«Il fut un temps où ce décalage avec la normalité l’amusait. Fendre des foules inconscientes, savoir ce que les autres ignorent, participer d’une réalité dissimulée à l’homme du commun, eternel dommage collatéral d’une guerre clandestine, permanente et violente. Tout cela lui paraissait très excitant. Il avait souscrit au mythe de la caste des seigneurs, une belle histoire. Une excuse pratique.
Un mensonge pesant.»
MarianneL
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le 21 juil. 2013

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