Réédition d'un titre de 1983, le présent volume contient également trois nouvelles de Joël Houssin, auteur que j'avais découvert chez le même éditeur, avec la réédition de Blue.
Blue était ouvertement inspiré du film de Walter Hill, Warriors (Les guerriers de la nuit en français) et m'avait plutôt convaincu, même s'il n'était pas exempt de défauts, notamment dans le traitement de ses personnages féminins, qui étaient au mieux négligés, au pire rabaissés. Mais dans le contexte de Blue et de sa société de guerriers macho macho-man, admettons.
Ici, on se retrouve plongé dans une ville américaine (apparemment), dans un lointain futur. La cité en question est l'objet de luttes entre les forces de l'ordre et divers gangs de rues, constitués pour la plupart de mutants, des Humains dont la morphologie a été modifiée par des radiations, des produits chimiques ou des manipulations génétiques (et parfois un mélange des trois).
Le héros est un nettoyeur, sorte de dirty Harry / Judge Dredd qui est chargé d'exécuter (littéralement) les truands.
Le roman est donc très sombre, assez désespéré dans sa représentation du monde et des rapports humains, et une fois encore (et ça commence à faire beaucoup), assez gerbant dans sa représentation de la femme, résumée à un rôle d'objet de plaisir et de décoration.
J'ai eu du mal à rentrer dans ce roman, notamment parce que le personnage principal m'a insupporté, avant de juste me dégoûter (si c'était le but recherché, well done). J'ai eu bien plus de sympathie pour les rares truands rencontrés dans le récit que pour lui. Mais le roman est cependant bien écrit, prenant et non dénué de bonnes idées / thématiques, malgré toutes les réserves déjà exprimées. Ça aurait pu passer.
Mais comme dit plus haut, le roman est suivi de trois nouvelles. Et bon, autant le dire, il y en a une des trois qui m'a laissé avec un sale goût dans la bouche.
Là encore, de bonnes idées, avec une nouvelle basée sur une société médicalisée au possible où les gens tournent aux cachetons dans un monde dominé par les labos pharmaceutiques, ou encore un autre où la population est encouragée à aller claquer sa paye au casino, divisant le monde entre les losers et les gagnants.
Déjà pour cette dernière nouvelle, warning ! Quand je dis : "la population est encouragée à aller claquer sa paye au casino", il faut comprendre la population "masculine", les femmes dans cette société étant cantonnées au rôle de mondaines sur-maquillées et apprêtées qui s'exhibent au bras des joueurs... Mouais, mouais, mouais... Si c'est une critique du patriarcat, c'est pas très flagrant à la lecture...
Mais la dernière nouvelle, ouh là ! On est cette fois dans un monde qui se remet visiblement d'une catastrophe à grande échelle. La société s'est reconstituée en caste, proche du système des fourmilières (ouvriers, guerriers, etc...) et on y suit une petite fille (qui donne son titre à la nouvelle Jolie petite fille) qui cherche à sortir de son rôle d'annonciatrice de la mort pour voir le monde au-delà de leur communauté.
Et spoiler alert en carton parce que je vais pas le masquer (parce que je pense pas spécialement qu'il faille lire cette nouvelle) : la petite fille fini violée, parce que c'est en fait une reine de la fourmilière qui va devoir créer une nouvelle communauté !
Wow. Mais pourquoi ? Franchement, à part écrire une scène clairement gerbogène et complaisante, quel intérêt ?
Sincèrement, je trouve que mis bout à bout avec les critiques précédemment émises sur le difficile rapport aux femmes des persos de Joël Houssin, ça commence à faire beaucoup. Alors je ne connais pas Joël Houssin et je veux pas faire de procès en sorcellerie et tout, mais merde, c'est quoi ce délire ? Si c'est une manière de faire réagir sur la condition de la femme, c'est mal fait et ça tape à côté, si c'est premier degré, et ben c'est dégueulasse !
Donc bon, je pense pas retourner lire du Houssin de si tôt. C'est visiblement pas pour moi.