Roman de José Giovanni paru en 1958, soit deux ans après sa sortie de prison ; car, quand Giovanni parle des truands ou de prison, n'oublions pas qu'il sait de quoi il parle pour avoir vécu un passé plus que trouble pendant l'Occupation jusqu'à sa condamnation à mort en 1948 (commuée en 20 ans puis gracié en 1956). La littérature puis le cinéma deviendront sa rédemption …
Et il faut bien avouer que José Giovanni a un sacré talent. "Classe tous risques", qui sera adapté au cinéma en 1960 par Claude Sautet avec Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo, fait partie de ces romans que l'on dévore dès que l'œil se pose sur les premières lignes sans qu'on puisse le lâcher.
Histoire de la cavale d'Abel Davos d'Italie à son retour en France, accompagné de son épouse et de ses deux jeunes enfants. Histoire, comme souvent chez Giovanni, d'amitiés et de trahisons.
Le pire est que le personnage d'Abel Davos s'inspire d'un homme qui a existé et qui n'était vraiment pas fréquentable (cf la critique du film de Sautet dans laquelle je me répands un peu plus dans les détails sordides). José Giovanni oscille dans le roman entre un personnage attachant (ses enfants qu'il tente de protéger dans sa cavale, ses désillusions sur ses anciens amis qui ne veulent plus se mouiller, ses fidélités) et un personnage dangereux, animal, qui ne connait qu'un moyen pour trouver de l'argent dans des attaques violentes et assez lâches, d'encaisseurs ou carrément de chauffeurs de taxis pour piquer la recette.
Parallèlement à l'histoire d'Abel Davos, il y a le personnage d'Eric Stark qui est un truand solitaire qui vient en aide à Abel et qui va vivre une belle histoire d'amour mouvementée.
Polar tragique, sombre et passionnant …