Avec 80 millions d'entrées sur l'ensemble de sa filmographie, Claude Zidi est ce qu'on appelle un champion du box office, ses films repassent sans arrêt à la télévision, on le connait pour son travail avec le groupe comique Les charlots, sa réussite majeure que fut Les ripoux, avec deux César à la clé, mais au final, on sait très peu de choses sur le réalisateur.
Pour la bonne raison est que c'est une personne qui déteste se livrer, qui n'aime guère les interviews, pas très bavard, et rétif à toute allusion à sa vie privée. Autant dire que le travail de Vincent Chapeau ne fut pas facile, car comme le prévient Zidi en début d'ouvrage ; il ne parlera QUE de cinéma, et lui dit qu'il n'a pas grand chose à dire. C'est en partie vrai, comme je vais l'expliquer.
Il faut savoir qu'avant de réaliser son premier film, Les bidasses en folie, Claude Zidi a derrière lui quinze ans de carrière en tant que cadreur, caméraman ou chef opérateur, aussi bien chez Claude Chabrol que sur des superproductions américaines qui se tournaient en France, comme Le jour le plus long ou Charade. Ici, c'est plus le contexte de réalisation des films qui est expliqué, avec quelques anecdotes de Zidi par-ci par-là, mais le travail revient essentiellement à Vincent Chapeau.
Ensuite, le passage à la réalisation se fait parce que Les charlots ont aimé leur collaboration avec Claude Zidi, alors cameraman sur La grande java, de Philippe Clair, et voulaient qu'il passera derrière la caméra pour ce qui sera son premier film, Les bidasses en folie. A partir de ce moment-là, Claude Zidi sera un peu plus loquace sur son travail, revenant sur la recherche des gags, insistant sur le fait qu'aucun d'entre eux n'était improvisé, et qu'il a sur garder une grande modestie sur son travail. Y compris lors du carton surprise du film, qui sera tel qu'au dimanche soir la semaine de sa sortie, il sera déjà amorti ! Sachant qu'il a fait plus de 7 millions d'entrées, autant dire que c'était le jackpot...
La partie réalisation se découpe film par film, certains se taillant la part du lion, dont bien sûr Les ripoux, avec toujours quelques commentaires de Zidi, décidément peu loquace, mais aussi de ses partenaires, aussi bien devant que derrière la caméra, dont des propos touchants de Thierry Lhermitte, qui affirme avoir tourné Les ripoux 3 pour le plaisir de travailler avec Noiret et le réalisateur en sachant pertinemment que le scénario était très faible.
L'auteur s'est donc plié à un véritable exercice de contorsion, entre une personne peu encline à s'exprimer, des films qui n'ont pas forcément vocation à être analysés, mais il arrive à rendre ce livre vivant de par les anecdotes qu'il livre sur cette filmographie très imposante en fin de compte, car Zidi aura eu une carrière de plus 50 ans, de 1955 jusqu'à sa dernière réalisation (avec son fils), en 2010, d'un pilote sur série inspirée des Ripoux, qui ne donnera rien.
Claude Zidi a été constamment rabroué par la critique, laissant ses films parler pour lui, il n'a jamais voulu se mettre en avant ni exprimer une quelconque idée, mais il donne une bonne définition du cinéma populaire qui fait encore les beaux jours de la télévision. J'avoue que ça ne vole pas haut, mais on sent le respect de Vincent Chapeau à travers ce livre, et c'est l'essentiel.