Jusqu'à présent, j'ai assez peu apprécié les romans de Colette dont j'ai croisé la route. Pourtant, je suis prête à réviser mon jugement après la lecture de "Claudine à l'école", un titre innocent qui sonne comme un album de Martine mais qui, en réalité, est beaucoup plus que cela.
Le ton de la narration est résolument moderne, voire provocateur pour l'époque. "Claudine à l'école" provoqua en effet un véritable scandale à sa parution (sous le nom du mari de Colette) car la liberté d'expression de la narratrice et le récurrent thème de l'attirance sentimentale et physique entre femmes - véritable fil rouge du roman - ont surpris et indigné les braves gens d'alors.
Aujourd'hui, le lecteur n'est plus effarouché mais admiratif du style facétieux et bien rythmé, de la richesse du lexique, de la musicalité du phrasé et de la truculence des lieux et personnages.
La narratrice ne ménage personne, ni son entourage, ni ses amies, ni ses institutrices et inspecteurs d'examen ; seule sa chatte trouve grâce à ses yeux.
"Claudine à l'école" est un roman très sensuel, surtout pour les moeurs de 1900, date de parution. Il présente la gent féminine sous un jour rebelle, avide d'indépendance ou de soumission - selon l'éduction reçue -, rusée et futée, facilement cruelle - ou farouche et déterminée selon le point de vue.
Bien plus mature qu'un "Poil de Carotte", "Claudine à l'école" est bien plus que le simple récit d'une succession de gamineries et de roueries adolescentes, c'est un témoignage et un cri de libération d'une nature en mal d'émancipation.