Ce livre écrit par le think thank "The Shift Project", est une synthèse d'un rapport sur les nécessaires transformations à mener d'ici 2050 de tous les secteurs de la société si nous souhaitons nous, françaises et français, tenir la trajectoire des 2°c d'hausse des températures à l'horizon 2100.
Alors oui, ça ne concerne que la France. Mais cela a le mérite, sur l'échelle d'un petit pays comme le notre, de donner à voir l'immensité des efforts à réaliser dans des secteurs aussi importants que l'industrie, le transport (de marchandise, personnel), la santé, l'alimentation ou la culture.
Mon sentiment après avoir lu ce livre fut un sentiment de soulagement : ce sera très dur, mais une feuille de route est possible, elle est amendable, on peut peut-être vouloir produire différemment de l'énergie, mais on peut, avec du jus de cerveau, déterminer là où on doit aller, et quelles sont les étapes nécessaires pour arriver à destination.
C'était au mois de février.
Puis, petit à petit, cette exaltation fut peu à peu mélangée à l'angoisse. On est très très loin du compte. Entre les imbéciles qui tentent de nous faire croire qu'on peut toujours produire plus mais écologiquement, en faisant de cette dernière une idée marketing, et les autres pour lesquels l'écologie n'est même pas une idée, on se rend compte que peut-être le mieux est de tout cramer dès maintenant pour ne pas avoir à souffrir quelques dizaines d'années de plus sur l'autel de la compétitivité et les mantras publicitaires qui nous font croire qu'on peut se gaver en gardant la conscience tranquille.
Car, à l'aune de ce rapport, le constat est sans appel : il faut changer drastiquement;, d'ici les 30 prochaines années et nos manière de produire, et nos manières de consommer. En outre, il s'agit pour une large part de moins produire donc de moins consommer, les deux actes étant indissociables. Il ne s'agit pas tant d'utiliser l'eau du bain pour cuire les pâtes, mais de tout simplement produire moins, faire moins et mieux, recycler, réparer, prendre plus de temps. Respirer.
Mais la respiration n'est-elle pas un luxe que seuls les riches devraient pouvoir se payer ? Car, si l'on regarde les différentes décisions prises ces derniers temps, il s'agit surtout de sauver leurs modes de vie* sur le court terme plutôt que de sauver la vie humaine tout court sur le long terme.
- Les 1% les plus riches émettent deux fois plus de GES que la moitié des plus pauvres, même si on ne peut pas réduire la question à ça, ça pose tout de même question
La planète brûle et nous ne regardons surtout pas ailleurs ; on prend un bidon d'essence et on asperge toute la planète avec. La totalité des prises de décision vont à l'encontre du bon sens, qualité pourtant assénées par toute la classe dirigeante qui est plus qu'aveugle : coupable.
Aussi, pour revenir sur le livre, on peut dire qu'il pose les questions qui fâchent et y répond en partie. Oui il y aura des destructions d'emplois, oui on fera en sorte de n'avoir pas besoin d'un nouveau smartphone chaque année, et oui il faudra consommer drastiquement moins de viande chaque semaine, et oui il faudra de considérables investissement pour que cette utopie techniciste ne reste pas à la portée de quelques riches pendant que le reste de l'humanité vendra ses poumons pour avaler un peu d'air frais.
Mais en même temps, si j'ose dire, cela créera si ce n'est plus, autant d'emplois que ceux détruits, ça permettra également l'émergence d'autres pôles de compétences, d'autres emplois beaucoup plus importants que géologue pour une compagnie pétrolière. Et pour cela, il faut une volonté politique forte, et force est de constater, si on se tient aux deux blaireaux annoncé.e.s comme devant forcément être au second tour, où on parlera plus de racisme que de climat, de pouvoir d'achat que de justice sociale, de méritocratie que de démocratie, que c'est mal barré.
J'ai la rage de voir qu'on ne parle pas de ça, que cette question qui est une question de survie soit réduite à trois lignes dans un tract moche "Avec nous" sur un papier teint en vert, de voir qu'on s’assoit sur la volonté même de citoyenn.e.s qui ne demandent qu'à s'exprimer.
Aussi, je recommande à toutes et tous la lecture de ce rapport, très pédagogique, car on peut voir que, sans parler de solutions, on sait à quoi on doit en être tenu.e.s Et également se poser la question suivante : si nous sommes face à un nœud gordien, ne devrions nous pas le trancher ?