A cause de la construction d'une pissotière jugée par certains trop proche de l'église, c'est tout un petit village qui implose sous l'oeil impitoyable et la prose délicieusement vitriolée de l'auteur.

Armée, religion, croyants, hommes politiques, administration, bourgeoisie, aristocratie : personne n'est épargné et Gabriel Chevallier porte à son plus haut niveau la satire sociale.


On se régale de ces petites et grandes mesquineries humaines, de cette bienpensance hypocrite décortiquées avec un mordant jubilatoire : commérages de villageois et voisins bouffés par l'envie et la jalousie, manoeuvres politiciennes puantes d'opportunisme, alliances intéressées, étalage de petitesses humaines, comportements peu glorieux de ses semblables, l'auteur n'oublie rien de ce qui fait les petits travers humains les plus détestables.

La chronique est féroce, le sarcasme est élevé au rang d'art, Gabriel Chevallier fait payer à la caste des décideurs politiques sa jeunesse bousillée dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale.

Sa plume est aussi tranchante qu'un couperet, son humour caustique est salutaire et le rire est maintenu sur les 300 pages qui composent ce roman.


D'aucuns se demandent de quelle façon un Coluche aurait commenté les médiocres de notre début de 21e siècle.

Pour ma part, je me prends à imaginer la satire caustique d'un Gabriel Chevallier pour commenter nos politiciens et nos médias tartuffes : gageons qu'il n'aurait pas manqué de carburant pour déverser sa prose acérée.

Avec "Clochemerle", on tient une charge satirique comme j'en ai rarement eu entre mes mains de lecteur !

Sycorax
10
Écrit par

Créée

le 25 déc. 2024

Critique lue 6 fois

Sycorax

Écrit par

Critique lue 6 fois

Du même critique

Mad Movies Classic : Shining
Sycorax
8

Critique de Mad Movies Classic : Shining par Sycorax

Ce numéro spécial de la revue "Mad movies" paru en 2015 est d'une qualité éditoriale équivalente à celle d'un livre à part entière.Marc Toullec, rédacteur spécialisé travaillant de longue date pour...

le 17 févr. 2025

3 j'aime

Le Visiteur du futur
Sycorax
1

"L'égoût" et les couleurs, ça se discute pas

Quand le cinéma de genre français se trimballe une oeuvre pareille, tu te demandes si les gens du métier ont réellement les compétences requises pour les postes qu'ils occupent (je sais pas : faut...

il y a 2 jours

2 j'aime

Le Nécrophile
Sycorax
7

L'amie (la mie) mortelle... la croûte empoisonnée

L'Art permet de tout exprimer via le prisme d'une forme qui possède des codes admis par celles et ceux qui les maîtrisent ou du moins, savent en apprécier les manifestations.Ce roman qui se présente...

il y a 6 jours

2 j'aime