Un flic qui se met à la fiction, ce n’est pas nouveau, et il n’y a pas qu’Olivier Marchal à avoir franchi ce pas. Certains s'illustrent joliment, d’autres moins – on ne peut pas être doué pour tout, et avoir une carte de police et du vécu ne fait pas de vous un bon romancier, scénariste ou cinéaste.
Nouveau venu dans ce club de moins en moins fermé, Olivier Norek s'inscrit d'emblée dans la catégorie des mecs doués, et son Code 93 est une vraie réussite à tous points de vue.
Sur le terrain depuis une quinzaine d’années, Norek sait précisément tirer de son expérience une matière passionnante. Les relations des flics entre eux, avec leur hiérarchie ou avec tous ceux (témoins, suspects, victimes) qui croisent leur chemin, sont d’une parfaite véracité, et on ne tarde pas à trouver notre place parmi ses personnages ni spécialement géniaux, ni spécialement tourmentés – juste ce qu’il faut des deux pour en faire des bons héros de papier, creusés et attachants.
C’est la même chose pour les lieux et décors qu’ils arpentent, ce 93 que Norek connaît lui aussi comme sa poche et dont il raconte sans volonté de démonstration politique ou sociale les difficultés et les contrastes.
Tout sonne réel, concret, comme les faits et anecdotes dont le romancier émaille son livre – même si certains, pourtant totalement crédibles, sont le pur fruit de son imagination !
Cependant, comme je le disais plus haut, ce contenu ne serait pas grand-chose s’il n’était pas mis en scène avec talent.
Dès les premières lignes, Olivier Norek montre une grande facilité à happer son lecteur avec son style fluide, efficace, nerveux ce qu’il faut sans abuser de tachycardie artificielle ou d’effets grandiloquents. Il trouve un excellent équilibre entre les temps de développement psychologique, les passages de suspense et de tension, de petites scènes de comédie bienvenues (la mémé aux baby-phones) et des dialogues percutants.
Bref, la bonne recette pour un thriller réussi, qu’il applique avec intelligence et sobriété, grâce à un style maîtrisé et une volonté permanente de rester dans les clous du réalisme, ce qui lui permet de fuir les pièges du grand-guignol dont trop de ses collègues français usent et abusent.
Une excellente entrée en scène, que ses livres suivants vont sublimer.