Littérature Jeunesse ? Vous êtes sûrs ?

La plus grande innovation technologique du monde moderne n'a pas supportée le poids des années.
Autrefois fière et prospère, la cité du ciel n'est désormais plus qu'un vulgaire amas d'acier rouillé en pleine déliquescence.
Dans ses entrailles, s’affairent quelques humains condamnés à une existence terne et pitoyable, partageant leur maigre espace avec des automates décérébrés répondant à tous leurs caprices.
La société humaine se meurt dans les rouages labyrinthiques de cette forteresse flottante, la technologie n'est plus que l'ombre d’elle-même.
Ce monde n'a plus rien à offrir pour les générations futures mise à part de la sueur et des larmes.
Saxe, jeune artiste travaillant sur les automates, décide d'abandonner sa misérable vie pour quitter définitivement ce mausolée technologique maudit et avoir la chance de contempler le soleil, le vrai soleil.
Sur le chemin il fait la rencontre d'une ancienne automate répondant au nom de Dresde qui malgré sa logique robotique, partage la même ambition : s'enfuir loin de la douleur et de l'emprisonnement.


Justine Niogret, l'auteur du très bon Chien de Heaume est de retour avec un livre de Science-fiction destiné à la jeunesse qui tente de mélanger l'anticipation et le steampunk dans un univers futuriste en pleine déchéance. Cœurs de rouille raconte donc les les mésaventures de Saxe, le jeune garçon et de Dresde, l'ancienne automate, se déroulant au sein d'un sinistre lieu répondant au nom de la « La cité du Ciel ».


Premier constat positif, l’écriture de Justine Niogret est toujours aussi belle et sonne toujours aussi juste malgré quelques tournures de phrase un peu pompeuses.
Les lecteurs déjà familiarisés avec cette écriture si particulière ne seront pas dépaysés.
À la fois poétique, évocatrice et brut de décoffrage, elle sied à merveille à l'ambiance oppressante et malsaine qui règne au sein de l'univers proposé par le livre.
En utilisant un vocabulaire toujours aussi varié et des descriptions à la fois raffinées et glauques, Justine Niogret nous offre ici, la vision d'un univers crépusculaire intriguant, à mi-chemin entre la science-fiction et l'onirique.


Cœurs de rouille nous plonge dans un monde cauchemardesque et dépaysant où le sublime est lentement rongé par la souillure et la pourriture, où l'Homme se retrouve sans idées et sans but, où la technologie s'avère aussi puissante que meurtrière et où l'obscurité règne en maître.
L'univers de Cœurs de rouille est donc extrêmement négatif et dystopique ce qui permet de mettre en avant des idées intéressantes comme la dégénérescence de l'Art et sa place dans la construction d'une société.


Mais malheureusement, malgré un style d'écriture des plus agréables et un univers original et intriguant, Cœurs de rouille ne m'a pas pleinement convaincu.


Pour commencer sa narration se révèle bien trop décousue et nébuleuse pour être clairement efficace.
Certains passages sont assez bien pensés (la baleine et la scène du musée) mais globalement, le récit est entaché de défauts persistants et de lourdeurs clairement inutiles.
Des descriptions boursouflées et répétitives, des thèmes de SF à peine esquissés, des dialogues plats et sans génies, Cœurs de rouille souffre d'un terrible manque de rythme en plus de ne pas savoir proposer une intrigue claire et engageante.


L'histoire est minimaliste et opaque, les enjeux sont abscons, les péripéties sont répétitives en plus d’êtres forcées, et pire que tout, les personnages ne sont, ni attachants, ni complexe, ni complémentaires entre-eux.
Saxe, le jeune artiste mécanophile, devient rapidement une tête à claque pleurnicharde qui ne fait que bouder dans son coin et fantasmer sur le corps de sa partenaire robotique.
Pour Dresde, sa froideur n'a d'égal que son manque de charisme.
Sa force, trop importante pour paraître crédible et son comportement très mécanique et pratiquement dénué d’émotion humaine rend le personnage affreusement plat et sans saveur.
Même le méchant, Pue-la-viande, m'a paru extrêmement cliché avec ses « maman-cité a faim » et ses « coucou je suis fou et j'aime le noir ».


Au final, mon avis sur Cœurs de Rouille est des plus mitigés .
Son style d'écriture est soignée et son univers ne manque pas d’originalité mais cela ne suffit pas pour en faire un bon livre.
Il manque à Cœurs de rouille un rythme plaisant et fluide, une narration maîtrisée, des personnages biens écrits et attachants ainsi qu'une intrigue passionnante qui arrive à se renouveler.
Un livre d'une qualité très inégal qui manque cruellement de charme.


Une déception.

Asarkias
6
Écrit par

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le 6 juil. 2015

Critique lue 256 fois

1 j'aime

Asarkias

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