L’auteure prend un risque en livrant une part d’elle-même, de son enfance, son adolescence, ses souvenirs. Une manière d’exorciser ses démons, pour ainsi se libérer de la souffrance face au racisme qu’elle a vécu. Une blessure qu’elle avait gardée en elle depuis plusieurs années.
Comme nous existons n’est pas un simple roman, Kaoutar Harchi,, à travers ce récit intimiste, se livre à plusieurs confidences sur son statut de fille d’immigrés en évoquant ses parents et les espoirs d’ascension sociale qu’ils nourrissent pour elle et à travers elle.
Elle retrace ses années d’apprentissage, confrontée à la violence verbale, à la recherche d’une place dans ce monde qui lui permette d’être elle-même, sans toujours être confrontée à son statut de fille d’immigrés. Tout en usant de belles phrases, pour évoquer ses parents, sa mère notamment, avec beaucoup d’amour, de respect, de pudeur, en continuelle recherche de l’approbation parental, en égrenant des souvenirs, qui mettent en lumière les blessures, les peines enfouies.
Un passage du livre est particulièrement émouvant, et reflète parfaitement le mal-être ressenti par l’auteure, mais surtout la vulnérabilité de l’enfance.
C’est au collège (catholique), qu’elle découvre de belles jeunes filles blondes, gracieuses, aux yeux bleus. En expliquant qu’elle ne s’est jamais sentie aussi laide et gauche. Les moqueries et les méchancetés de ces filles ramèneront l’auteure à ses origines maghrébines. Une violence qui laissera des traces, des morsures et dont elle ne comprendra toute la profondeur que des années plus tard.
Sa découverte de la sociologie lui ouvrira la voie des possibles et lui permettra non pas de s’affranchir de l’immigration, mais de comprendre l’impact qu’elle a eu sur elle, sur ses parents et les immigrés d’une manière générale.
C’est à travers l’écriture, que Kaoutar Harchi, devient la porte-parole des enfants de l’immigration post coloniale, mais surtout, c’est à travers elle que sa parole devient politique, largement revendiquée par certains passages et propos notamment sur la conscience des immigrés d’être dominés, d’accepter cette domination, pour permettre à leurs enfants de s’élever.
C’est une plongée dans les méandres de la vie de Kaoutar Harchi où sa plume devient l’étendard bouleversant, des immigrés issus du colonialisme face au racisme endémique de notre société, par laquelle elle évoque, les révoltes des banlieues de 2005, de son passage à l’âge adulte et de son éveil à la politique… Mais surtout, tout l’amour qu’elle porte à ses parents.
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