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un superbe écrin pour une histoire et des personnages fades

J'ai failli attribuer une étoile de moins tellement le dernier quart du livre était pénible à lire. Heureusement, j'avais recopié des passages que je trouvais très bons tout au long de ma lecture. Les relire m'a permis de me rappeler que ce livre avait très très bien démarré.


Qu'un ou une auteur embrasse la cause des exploités, des gilets jaunes ou de tous ceux qui veulent améliorer le monde, me parait très important, pourtant c'est rarement le cas. De nombreux livres sont comme coupés du monde par des auteurs très bien installés. J'ai donc déjà beaucoup apprécié ce positionnement.



Lorsque Antoine était seul et que personne ne lui portait la contradiction, son opinion lui paraissait être une évidence dont il ne voyait pas comment elle pouvait se justifier mieux qu’en étant simplement énoncée. Face au député, cependant, il réalisait que ces évidences perdaient en solidité, que formulées à voix haute et non simplement pensées, elles étaient fragiles, parfois bancales,



J'aime beaucoup ce genre de passage qui vient nous rappeler ces sensations que l'on se pense parfois les seuls à connaître. Surtout quand quelque pages plus tard, il est suivi d'un extrait fort sur la déception qui survient quand on arrive enfin à obtenir ce pour quoi on a tant bataillé. Cette mélancolie est très forte et très joliment décrite.



c’était la colère de celui qui, s’étant hissé jusqu’à un plateau, réalise qu’en dehors de son altitude celui-ci n’a rien de particulier. Le « tout ça pour ça » d’Antoine, au lieu de se racornir en abattement, s’était transformé en accusations furieuses – quoique muettes – contre les habitants du plateau qui n’avaient rien fait pour être extraordinaires, n’étaient rien devenus qui ait pu justifier le désir premier d’Antoine de les atteindre



Il est rare que je trouve autant de passages intéressants dans un roman. Ici c'est la réflexion autour de l'amour et de l'intelligence que l'on cherche chez l'autre :



Il aimait ne pas comprendre tout ce qu’elle disait. Dans sa vie amoureuse, Antoine avait toujours cherché avec application des filles plus intelligentes que lui. Il était terrifié à l’idée de devoir être le cerveau du couple, c’était une responsabilité beaucoup trop grande. Mais il devait admettre qu’il ne savait pas bien déceler l’intelligence. À quoi se reconnaît-elle ? Pour Antoine, elle se reconnaissait le plus souvent au fait qu’il ne comprenait pas son interlocuteur. C’est ce qui lui avait plu chez Cécile quand il l’avait rencontrée : il avait interprété le sentiment d’être perdu devant ses revirements comme une preuve de sa rapidité d’esprit et cette rapidité comme une preuve de son intelligence. Mais après deux ans, il avait cessé d’admirer sa vitesse : il commençait à soupçonner qu’elle n’était pas, comme il l’avait cru, la marque d’une faculté extraordinaire mais celle d’une volonté de se débarrasser de la pensée. Cécile réfléchissait vite mais elle voulait réfléchir une bonne fois pour toutes, et elle secouait la tête avec irritation quand Antoine revenait sur certaines questions, encore et encore. À la fin de leur relation, ils n’arrivaient plus à se parler, chacun détestait la manière qu’avait l’autre de mener une conversation : Antoine trouvait Cécile paresseuse et elle le trouvait lent.



Le passage sur les violences policières et leur traitement médiatique est également superbe.


Mais il manque quelque chose à l'histoire et aux personnages, plutôt fades tous les trois (les deux personnages principaux et l'intrigue) pour que le roman soit à la hauteur de ces sublimes passages.

Foolly
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le 10 janv. 2021

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