Lire, c'est gratuit. On ne le fait pour rien. C'est un cadeau qu'on se fait. On n'attend rien d'autre d'un roman que du plaisir. Du plaisir esthétique. Et cet essai ne cesse de le marteler de façon brillante. Lire pour se faire plaisir !
Comme un roman se lit donc comme un roman. Il y a une "trame" (ou presque) et les idées défilent. Le roman entier y est déconstruit. Oui, lire c'est d'abord un plaisir. Un roman n'est pas sacré. On ne lit même pas les plus grands auteurs pour autre chose que le plaisir. Quand on lit Les Misérables, on ne cherche pas une démonstration sociologique, on cherche le plaisir. Le plaisir de suivre Jean Valjean, de rire avec Gavroche, de s'émouvoir avec Cosette. Il y a la guerre passée et la révolution à venir, une évasion de prison, de la tension ! C'est d'abord ça Les Misérables. On lit ces grands livres comme n'importe quel livre. Et on les torture comme n'importe quel livre.
Et rien de mieux que de déconstruire le livre qui a été sacralisé (à tort) pour donner envie de lire. Et quand c'est fait avec un certain sens de l'esthétique, c'est encore mieux. En plus de sa forme, qui rappelle la construction d'un roman, jamais cet essai n'est pénible. C'est très drôle, parfois émouvant, bourré d'anecdotes et de situations qui jamais ne desservent le propos. Dès le début, Daniel Pennac sait où il va. Et il joue avec les mots, avec la langue, et avec nous.
"Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même." - Daniel Pennac