Je suis simple donc j'existe.

Ce film est un bijou et la grosse surprise de la fin de l'année. Une ode à la vie simple qui sublime le quotidien d'une personne normale, qui fait des choses normales. Un véritable bol d'air frais.

On prend plaisir à suivre Hirayama dans sa routine qui est la même qu'à peu près tout le monde. On ne s'ennuie pas à voir ce personnage ramasser ses clés le matin, se brosser les dents, prendre son café avant d'aller travailler. Le film nous montre tous ces petits riens quotidiens qui rythment la vie de n'importe quelle personne simple. Et c'est juste beau. On sourit quand il lit ses livres pas chers, écoute ses vieilles cassettes ou prend le même arbre en photo depuis des années durant sa pause déjeuner. On partage avec lui ces petits riens qui rendent heureux. On se reconnaît en lui.

La routine est ici sublimée et au centre du film et c'est agréable. Win Wenders permet à tous ces hommes et femmes de l'ombre d'exister.

Le film parvient même à rendre attachant un personnage qu'on ne verra jamais, qui existe seulement à travers une partie de morpion. Et c'est la marque d'une très grande réalisation !

Et je vois déjà venir ceux qui voient le cinéma uniquement comme un divertissement bête et gratuit s'exclamer : "Ouin ouin, moi quand je vais au cinéma ce n'est pas pour voir ce que je vis tous les jours. Ouin ouin, je veux voir des hommes en slip péter la tronche des vilains ! Ouin ouin, je veux rêver !"

Est-ce que vous méprisez à ce point vos propres vies ? Est-ce que réellement vous pensez que votre existence est tellement médiocre et indigne qu'elle ne mérite pas d'être racontée dans un bon film ? Qu'on ne puisse pas rendre un quotidien lambda intéressant ? Il faut donc pour vous que la fiction ne mette en avant que le destin extraordinaire de personnages hors sol ?