J'ai toujours prôné la non violence dans la lutte, je pense qu'on devrait être plus inventif dans ce domaine, et après avoir lu ce livre je continue à le croire.
Mais il dit un truc très juste je trouve, la non violence c'est une posture morale et elle sert ceux que le statu quo ne dérange pas. C'est aussi quelque chose qu'on prône sans s'être vraiment renseigné sur l'histoire des luttes et de leur efficacité.
Si la lecture m'a un peu déprimé sur l'espoir d'une lutte entièrement non violente le dernier chapitre m'a fait du bien, il y présente ses solutions (listes non exhaustives):
Ne pas avoir de hiérarchie dans une organisation de lutte, ou alors temporaire;
L’autogestion ;
Multiplier les organisations et les stratégies de lutte en fonction de ses capacités et de sa propre oppression et en fonction de son contexte (pas de modèle unique), tout en restant coordonné;
Revenir à un échelon plus local, les organisation plus large doivent être temporaires pour ne pas devenir autoritaire;
Les leaders d'une organisation doivent régulièrement être remplacés;
Une justice fondée sur la transformation ou la restitution plutôt que la punition;
Il faut cultiver un esprit militant, transmettre l'histoire des luttes (je veux plus entendre "bah oui mais que veux tu c'est comme ça"!!!);
Expliquer pourquoi on lutte, ne pas être coupé du monde;
Je note en vrac quelques extraits et idées qui m'ont plu :
-"[...] une philosophie antiautoritaire encourage la lutte sans compromis contre l’oppression, mais s'oppose à l'extermination des vaincus ; elle préfère la réconciliation au châtiment."
-"Mais plutôt que d'adapter nos moyens (nos tactiques) à la situation à laquelle nous faisons face, nous sommes censés prendre des décisions sur la base de conditions qui n'existent pas encore, en agissant comme si la révolution avait déjà eu lieu et comme si nous vivions dans un monde parfait."
-Plutôt que de condamner les vitrines brisées quand un journaliste vous interviewe, ramener le sujet aux raisons de la manifestation et dire que c'est dérisoire en comparaison de la violence dénoncées par la manifestation (suppression d'acquis sociaux, de services ou lits d’hôpitaux, violence policière, violences faites aux femmes, lois racistes ou écocides etc.)
-"Chaque année, sur notre planète, des millions de personnes meurent simplement par manque d'eau potable. Ils meurent parce que les Etats et les multinationales, qui ont usurpé le contrôle des communs, n'ont trouvé aucun moyen de tirer profit de leurs vies." (ça renvoie à la définition de ce qu'est la violence)
-"[...] les pacifistes blancs cherchent à se protéger de la répression en réduisant leur engagement à une simple posture, et à la description de l’organisation sociale d'un monde post-révolutionnaire, pendant que les non Blancs du monde subissent toutes les pertes qui découlent du combat pour le faire advenir."
Bref je reste dans la volonté d'une lutte non violente mais ce livre m'a aidé a prendre conscience de l'importance de la diversité des tactiques.