Pour avoir lu Notre-Dame de Paris je savais que j'allais avoir du mal avec Les Misérables. Et effectivement Hugo y déroule les mêmes défauts à mes yeux.
Je reconnais le travail de documentation qu'a fait l'auteur, ses digressions ont une vraie valeur pour les historiens, mais quand il faut se taper des pages et des pages sur la description des égouts de Paris pour savoir que Jean Valjean s'est échappé par là... ça alourdit le récit.
Le hasard est utilisé à tout bout de champs pour expliquer les retournements de situation, comme Javert sans arrêt là où il faut et au moment où il faut pour tomber sur Valjean.
Autant j'aime lire les essais, autant dans un roman je n'aime pas qu'un auteur fasse la moral, et là dessus Hugo tartine avec grandiloquence.
Les personnages sont beaucoup trop manichéens, vraiment beaucoup trop, et en plus j'ai toujours détesté ceux avec une droiture morale excessive, ici ils le sont à un point caricatural.
Pour finir j'ai détesté ce qu'Hugo a fait du personnage de Cosette. Pour l'auteur c'est une vertu qu'elle subisse les décisions de son mari et de son père sans même chercher à les comprendre, tant pis si le personnage en perd en réalisme. Elle ne sait pas qui est son père ou sa mère, pas de problème ! C'est un objet et pas un sujet, on ne sait pas ce qu'elle pense, sa fonction est d'être « adorable », elle est l'objectif des personnages principaux, celle qu'on veut auprès de soi. Bon le personnage est creux, OK, mais je pense que ce qui me la rend si antipathique c'est qu'elle passe son temps à faire des scènes d'une niaiserie ridicule : un petit oiseau attaqué par un chat et c'est le drame dans sa vie, elle gronde pour qu'on l'embrasse, elle brasse de l'air pour se plaindre des décisions de son père et son mari mais ne fait rien pour s'imposer, elle subit gentiment. Il en a fait une totale potiche et pour l'auteur c'est une qualité.
Bref j'ai conscience que ce livre a été un phénomène littéraire, je connais les événements historiques qui l'entourent, je sais que le public pauvre de l'époque l'a aimé parce qu'il parlait de sa misère mais en tant que lectrice aujourd'hui j'ai trop souvent levé les yeux au ciel. Lire Le Deuxième Sexe à côté n'a sans doute pas aidé...