J’avoue sortir mitigée de ma lecture de
Confession d’un masque. Il est difficile de poser un avis tranché sur un roman aussi dense, quoi que le texte soit plutôt court.
Mishima y raconte sa jeunesse au Japon, qui va de pair avec la complexité des relations amoureuses et du désir sexuel (homosexuel surtout) dans une société encore ancrée dans un traditionalisme puritain, en transition vers la modernité.
On y retrouve un adolescent, Kochan, qui grandit en étant profondément tiraillé par ses désirs, son attirance envers les corps masculins et le poids des obligations familiales et sociales.
Tout au long de ma lecture, j’ai ressenti une sorte de malaise que je ne parvenais pas à m’expliquer, et dont je culpabilisais étant donné la finesse de l’écriture et des analyses. C’est au bout d’un certain temps que j’ai compris ce qui me gênait. Ce même style fin, précis, qui décortique les pensées du personnage manque cruellement de naturel et de sensibilité. Mishima écrit avec une grande prise de recul pour parvenir à l’auto-critique du personnage, si bien que l’écriture en devient presque ennuyante par son ton glacial.
On peine à s’attacher à un personnage principal qui aborde son désir, ses pulsions avec une rationalité mathématique presque artificielle.
Je reconnais toutefois la grande habileté de l’auteur à relater la torture interne et la profonde solitude du protagoniste. On se complaît dans cette distance (qui devient presque agréable) avec Kochan, qui se dissout progressivement lorsqu’il évoque des sentiments universels, la fascination de la violence, la peur de la mort ou de la maladie, la sensation de ne pas être à sa place. La volonté de laisser porter le lecteur dans des épanchements torturés est souvent altérée par un style qui s’étend un peu trop en longueur.
Pour conclure, je dirai que bien que j’ai peiné à en finir la lecture, confession d’un masque marquera toujours ma mémoire. Jamais je n’avais eu l’occasion de lire un style si fin et juste, le personnage principal est objectivement captivant et troublant par sa clairvoyance psychanalytique.