Confiteor
8.3
Confiteor

livre de Jaume Cabre (2011)

C'est l'histoire d'un ennui abyssal et d'une confusion sans fin. C'est l'histoire d'un rendez-vous manqué ou d'un désappointement assumé.


Enfin, presque sans fin pour être précise car j'ai craqué quelques dizaines de mètres avant la ligne d'arrivée. Lecture entamée en décembre et que je m'étais décidé à finir pendant le confinement, j'ai craqué et survolé avec l'urgence de la délivrance chevillée aux tripes les cent dernières pages de ce pavé aux multiples méandres narratifs, et dans lesquels l'auteur m'aura définitivement perdue.


Je passe rapidement sur le style improbable qui semble pourtant constituer les lettres de noblesse de ce roman spécialement loué pour son manque de structure et de ponctuation. Malgré tous mes efforts et une grande dose de bonne volonté, je n'adhère pas ; je ne trouve ni génie ni beauté dans ce style confus, déséquilibré et qui, sous prétexte de se vouloir le reflet d'une mémoire vieillissante, se plaît au mode verbal et aux fusions temporelles.


Mais ce que je ne veux pas vous cacher même si c'est stérile et que le savoir vous fera sans doute une belle jambe, c'est l'ennui que j'ai ressenti pendant toute ma lecture, de la première à la dernière page. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai voulu abandonner, ni le nombre de fois où je me suis forcée à reprendre ma lecture en poussant force soupirs. La sagesse aurait voulu que je referme le bouquin une fois pour toutes mais j'aime comprendre, c'est un travers, et je voulais comprendre, d'abord où l'auteur voulait en venir, ensuite où se cachait la magie ressentie par autant de lecteurs. Chou blanc dans les deux cas.


Quelle frustration au bout de 800 pages de n'avoir trouvé ni intérêt ni profondeur à aucun des personnages, quel chagrin de ne porter affection à personne, pas même à l'auteur. Les thèmes abordés, bien que développés tous azimuts, m'ont semblé superficiels et pour certains rabâchés, pour tous teintés d'une érudition maniérée. Jaume Cabré use et abuse de la narration à tiroirs et moi qui apprécie de temps à autre de me lancer dans un puzzle de 2 000 pièces, j'ai perdu patience. J'en viens presque à penser qu'une malédiction plane sur mes relations avec la littérature espagnole contemporaine puisque j'ai déjà lamentablement échoué avec Carlos Ruiz Zafón et Arturo Pérez-Reverte. On compare aussi Cabré avec Eco, ça me rappelle que je suis aussi passée à côté du "Nom de la rose". Que ça ne fasse pas de moi un suppôt de Satan !


Si seulement "Confiteor" m'avait embarquée, si j'avais plongée avec joie et impatience dans les souvenirs de l'humaniste Adrià Ardèvol, alors peut-être ? mais je n'ai rien ressenti que l'ennui, encore de l'ennui, toujours de l'ennui... Alors rendez-vous manqué ou désappointement assumé ?

Gwen21
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le 3 mai 2020

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