S'il possède une certaine unité thématique, l'observation du capitalisme par les crises et les rapports monétaires, ce livre doit être lu comme la superposition de plusieurs travaux plutôt que comme une oeuvre homogène.
La première partie, théorique, "les rapports sociaux fondamentaux du capitalisme" est la moins intéressante pour peu qu'on ait une certaine habitude de Lordon et d'Orléan car elle annonce leurs travaux ultérieurs : Spinoza pour Lordon et la monnaie mimétique/ rapport de pouvoir pour Orléan. Elle reste cependant agréable à lire et peut servir d'introduction à ces deux sujets.
C'est dans les parties pratiques que l'ouvrage prend tout son intérêt, chacune, à sa manière, propose l'analyse d'un cas limite du capitalisme, apportant ainsi un éclairage passionnant sur des sujets souvent mal connus tout en appuyant et complétant le propos de la première partie. Et si le chapitre sur la convertibilité argentine est un peu trop monographique à mon goût, ceux sur le troc en Russie et l'ordre monétaire Iranien sont brillants. Les deux derniers, sur le trust et la valeur actionnariale, bien que plus attendus, restent de très bonne facture.
En somme, si ce bouquin n'est ni un déjà-classique, ni même une pièce nécessaire de l'oeuvre de ses deux auteurs stars, il reste conseillé tant aux passionnés des dadas Lordonorléanesques recherchant un propos plus ancré qu'aux gens curieux des sujets pratiques abordés. Il demande cependant un minimum de connaissances "amateures" en économie et en histoire politique internationale et n'est donc pas à mettre entre toutes les mains.