Les abysses, l’ultime frontière.

Lorsque plus rien ne va sur terre au point où elle est devenue invivable, on se réfugie sous les mers mais l’homme est ainsi fait qu’il recommet les mêmes erreurs.

Dans ce récit postapocalyptique sous-marin, des cités indépendantes se sont organisées en Etat gérés par la Pax et sont ravitaillées par des cargos sous-marins sous l’égide de la Hanse. Mais une mystérieuse colonie, Providence, refuse cette adhésion qui poussera Atlantis, la belliqueuse, menée par l’IA qui la dirige à l’envahir.

Vaste roman protéiforme que celui-ci. Il aborde avec un égal bonheur et autant de vraisemblance des thèmes aussi divers que les stratégies géopolitiques, parfois insoupçonnées, qui régissent toute relation entre Etats ; la puissance de l’IA et sa froide détermination qui peut conduire à la démesure ; l’impact négatif de la pollution sur la vie aquatique ; les jeux de pouvoir et d’influence entre l’armée et le politique.

Et bien sûr l’ossature même du roman : le monde militaire et sous-marin auxquels, forte de son expérience au sein de l’aéronavale, Sylvie Poulain apporte avec une grande crédibilité, son expertise souvent technique mais jamais illisible.

Dans ce genre de roman, les personnages jouent un rôle important, ce sont eux qui par leur crédit soutiennent tout l’ouvrage. C’est chose réussie ici. On retiendra surtout le dualisme douloureux qui oppose Wolf le cyber soldat apte à faire face à toutes les situations grâce à la puce implantée qui contrôle et corrige son comportement et Jihane, l’adolescence rescapée de Providence, détentrice de biens étranges pouvoirs.

Pour parfaire le tout, l’auteure avec son écriture souple et nerveuse, des chapitres courts et un tempo qui ne faiblit pas, nous offre un vrai roman addictif.