Je ne connaissais pas le nom de Nicolas Mathieu avant de lire Connemara. J'avais sans doute lu les noms de ses livres dans une liste ou une autre puisqu'il a e un Goncourt mais jamais je n'avais enregistré son patronyme. Si je me suis décidé à acheter e livre (et à très vite le lire), c'est parce qu'une de ses interventions médiatiques m'avait été rapportée. Il y disait du bien de la campagne du candidat Fabien Roussel (que j’exècre) en indiquant qu'il s'adressait aux "classes populaires", à la "France des barbecues" (le livre se termine d'ailleurs par un festin en extérieur). Provenant de cette France, ma curiosité a été assez piquée pour que je me procure son dernier livre.
Christophe, quarantenaire, est commercial pour une marque de croquettes pour chiens. Il vit en banlieue d’Épinal avec son père et a la garde partagée de son fils. Il passe son temps libre avec Marco et Greg, adolescents attardés, à descendre des litres de bière et à manger des chips.
Hélène, quarantenaire et mère de deux filles, vit dans une maison d'architecte à Nancy avec son compagnon. Après une carrière parisienne et un burnout, elle est retournée en Lorraine natale pour travailler dans un cabinet d'audit. Alors qu'elle dinait avec un amant potentiel, Hélène aperçoit Christophe, ancien camarade de lycée qu'elle admirait, notamment pour ses compétences dans l'équipe de hockey locale. L'amant potentiel, prétexte à chambouler la vie d'Hélène devient donc Christophe.
Alors qu'ils viennent du même monde, la quadra a pu traverser le carcan qui enferme les gens dans leurs classes sociales. Tout l'intérêt du livre se trouve dans cette confrontation de classe, entre le prolétaire un peu beauf (la France des gilets jaunes) et la transfuge (la France macroniste) et la volonté de l'auteur de faire sortir Hélène de son mode de vie petit-bourgeois. On pourra même croire à l'envie de subvertir les lecteurices attirés par un auteur goncourisé. Originaire de l'autre côté du spectre, la lecture du livre a été particulièrement jouissive. Le sentiment qu'on est en train de "venger ma race" comme le dit si bien Annie Ernaux