Lire du Cronenberg, c'est retrouver la même atmosphère malsaine de ses films. Les mêmes personnages timbrés et intriguant. Les mêmes obsessions morbides et sexuelles. Les mêmes longueurs, aussi.
Lire du Cronenberg, c'est le luxe de regarder un de ses films, dont vous auriez choisi le casting. De se l'approprier. S'y immerger totalement et ne pas réussir à s'arrêter de lire, malgré les transgressions toujours plus immondes, toujours plus extrêmes.
Lire du Cronenberg, c'est un plaisir masochiste. La possibilité de se divertir avec du sérieux, du glauque, du grotesque, du choquant. C'est la possibilité d'allier le sérieux, la réflexion et le simple plaisir de lire.
Lire du Cronenberg, c'est lire une oeuvre multiculturelle, d'origine canadienne, fortement imprégnée de culture populaire américaine, mai aussi française et japonaise.
Lire du Cronenberg c'est se laisser emporter dans les limbes de l'esprit d'un génie tourmenté par son temps, ses questions de relations modelées par le tout numérique, par les nouvelles maladies, par les métamorphoses physiques, par la technologie rampante qui envahit notre quotidien et permet désormais presque tout.
Lire du Cronenberg, c'est dérangeant. C'est nécessaire. C'est délicieusement agréable.
"Eh bien, oui, quand on n'a plus de désir, on est mort. Même le désir pour un produit, un objet de consommation, vaut mieux que pas de désir du tout. Le désir d'un appareil photo, par exemple, même d'un appareil bon marché, de mauvaise qualité, suffit à éloigner la mort". Un sourire malicieux, la cigarette inhalée par ces lèvres. "Le désir est réel, bien entendu". Une expulsion féline de fumée, et un gloussement.