Contes de la bécasse par Eggdoll
J'ai jamais été une grande amatrice de nouvelles. D'ailleurs, les nouvelles fantastiques de Maupassant ne m'avaient pas fait frémir plus que ça, il y a quelques années - peut-être gagneraient-elles à être relues. Pourtant, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire les Contes de la Bécasse. Un mot sur le prétexte de l'oeuvre : la présentation de la situation, qui fait office de première nouvelle, est d'une originalité à toute épreuve (et en plus elle donne faim) qui donne déjà une touche singulière au recueil, un ancrage populaire et régional, mais plutôt plaisant finalement, au vu de ce qu'en fait Maupassant.
Et on ne peut que rire, jaune ou franchement, en lisant les courtes nouvelles de Maupassant. Souvent, une nouvelle est trop courte pour être passionnante, pour qu'on se sente impliqué ; pas du tout ici, puisqu'on est happé dès la première page, et qu'on ne sait pas, la plupart du temps - et même lorsque l'on devine ça ne change rien au petit plaisir de la chute, où le narrateur nous emmène. Les nouvelles sont variées, pleines d'ironie voire de cruauté, quelquefois "engagées" (ça parle de vilains Prussiens imbéciles pendant la guerre de 70) - mais la moquerie n'épargne personne. Chaque nouvelle a sa saveur propre et peint un trait anecdotique ou essentiel de la bêtise humaine, avec une apparente neutralité parfois déroutante. C'est court, subtil, ça se mange sans faim, ça fait rire tout en affligeant au fond, et ça touche de très près des réalités encore vraies aujourd'hui.