Enfin je poursuis encore et toujours un peu plus ma route à travers les méandres de la cosmogonie tolkienienne !
Je tiens quand même à préciser que, nous sommes encore en 2020, et je n'ai toujours pas lu le Silmarillon ! Je me réserve définitivement ce gros pavé pour la fin, je crois que j'ai encore peur de le lire...
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je pense qu'il est toujours de bon ton de rappeler que ce livre comme d'autres écrits par Tolkien, hormis le Hobbit et le Seigneur des Anneaux bien sûr, n'est pas à placer dans toutes les mains. A part ses deux principales œuvres citées précédemment, tout le reste des écrits de l'auteur ne sont pour la plupart que des fragments de textes rédigés ici et là au fil du temps, sans forcément qu'ils soient inscrits dans une logique de cohérence ou qu'ils soient achevés justement. Rappelons également que Tolkien n'est pas romancier de base, mais plutôt un universitaire pur et dur. Cela explique pourquoi son style se rapporte plus à une écriture scientifique que littéraire. Je pense qu'il est très important de garder toujours cela en tête quand on lit du Tolkien, ça peut éviter certaines déceptions et frustrations inutiles, et de savoir dans quoi on s’embarque.
De ces Contes et Légendes Inachevés, je garde un sentiment d'appréciation très inégal : j'ai zappé complément la première partie (le Premier Âge) puisque que j'avais déjà lu La Chute de Gondolin quelques semaines avant d'avoir entamé cette lecture, que j'avais bien apprécié, et j'avais déjà lu également les Enfants de Húrin il y a quelques années, même si mes souvenirs de l'histoire ne sont plus très frais... (je le relirai probablement un jour)
J'ai vraiment apprécié la deuxième partie, celle qui se rapporte au Deuxième Âge, car j'étais vraiment excitée à l'idée d'en savoir plus à propos de Númenor ! Je pense que le Deuxième Âge est celui qui reste le plus obscur, le plus mystérieux, celui le moins développé, et pourtant certains de ses Rois et événements (notamment la chute de Númenor) ont mainte fois été évoqués, notamment par certains personnages dans le Seigneur des Anneaux, de quoi vraiment attiser la curiosité. Et même si le conte inachevé d'Aldarion et Erendis ne constitue qu'une infime partie de cette mythologie, on y apprend beaucoup de choses de cette époque (histoire, géographie, religion, mode de vie etc), et le récit est particulièrement passionnant à lire. Cela permet vraiment de comprendre ce qui a pu se passer par la suite au Troisième Âge, la grandeur des Rois, puis leur déclin et leurs faiblesses, l'alliance des Elfes et des Hommes etc...
Quant à la troisième partie (le Troisième Âge), certains sujets m'ont intéressé plus que d'autres (l'Expédition d'Erebor, la Quête de L'Anneau, les Istari). Cependant, nous sommes face à des textes rédigés de manière très encyclopédique. Le flot de dates, de noms, de lieux, de notes, rend la lecture assez pénible parfois. Il est absolument impossible de tout mémoriser tant les détails sont beaucoup trop nombreux. Il est donc très facile de se sentir perdu face à toutes ces informations que nous donne Tolkien, et du coup c'est plutôt frustrant, car ça donne parfois l'impression d'être sur le banc de touche, de ne pas saisir suffisamment la portée de ce que l'auteur a voulu nous donner...
Néanmoins on ressent à travers la plume de Tolkien sa réelle passion pour le monde qu'il a créé et sa volonté de vouloir approfondir son matériau dans ses moindres aspects. Clairement, on sent le haut niveau d'intellect du gars.
Définitivement, après la lecture de ce livre, j'éprouve toujours un peu plus une profonde admiration pour le père Tolkien, évidemment, de part la complexité de son univers (quitte à parfois se perdre dans sa propre cohérence), mais aussi pour le fils (R. I. P. Christopher...) et le travail titanesque qu'il a dû fournir pour regrouper les notes de son paternel, écrites sur tout et n'importe quoi, et parfois n'importe comment, sur des dizaines et des dizaines d'années d'écart, les déchiffrer, les trier et essayer d'en tirer quelque chose de cohérent et lisible. Respect.