Mon deuxième Banks après "American Darling" et toujours ce sentiment de puissance dans l'écriture , cette faculté de disséquer ce qui se passe dans la tête de ses personnages, en particulier dans celle de Bob Dubois, le personnage central du roman. Au point de nous donner l'impression de "comprendre" la personne, de la comprendre vraiment, de pénétrer dans les tréfonds de son subconscient pour se sentir parfois au coeur du réacteur et de pouvoir presqu'anticiper ce qu'elle va faire. Je ne résume pas ici l'histoire, il y a plein de sites et de lecteurs qui sont plus doués que moi pour ça, juste dire que Banks, c'est vraiment de la grande littérature américaine, de celle qu'on ne peut pas lâcher quand on a mis le nez dedans...


Une phrase, une seule, tirée de l'édition Babel, page 404 (sauf qu'il ne s'agit pas d'une erreur...) pour illustrer cela et saluer celles ou ceux qui auront eu la bonne idée de lire cette modeste critique ;-)


"En ce temps-là, il s'en rend compte maintenant, il était perpétuellement déprimé et, pour se le dissimuler, il se réfugiait dans un recoin profond à l'intérieur de lui-même et il y passait sans cesse en revue les détails sans importance de sa vie, comme s'il eût égréné les perles d'un rosaire, répétant, répétant sans désemparer la manière dont il réparerait les marches du perron, déblaierait la cave le samedi et le dimanche suivant, préparant à l'avance son arrêt bière du soir chez Irwin, procédant par anticipation au nettoyage de son matériel de pêche, prévu pour la semaine en cours, qui lui permettrait d'aller faire l'ouverture de la truite, se peuplant l'esprit de visions scrupuleusement détaillées des gestes que la plupart des gens exécutent sans y réfléchir et sans les prévoir, vivant sa vie à la manière d'une annonce permanente, projetée au ralenti, des spectacles à venir dont les articulations ennuyeuses et sans grand intérêt constituent en fait les scènes essentielles du film."

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le 1 avr. 2015

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