C'est à l'exposition universelle de Chicago de 1893 qu'on découvre les premiers personnage, enfin, plus exactement, au dessus ; il existe en effet une communauté volante, qui, pour se défaire de tout lien politique s'est installée à bord d'aéronefs de toutes sortes, et ne reçoit d'ordres que de ceux qui les paient le mieux. Ici c'est l'équipe du dirigeable à hydrogène : Le Désagrément, une équipe de joyeux lurons dont les aventures sont à l'origine de nombreux romans comme Les Casse-Cou et La quête de l'Atlantide, ceux-ci sont toujours accompagnés par leur chien savant, Pugnax, grand amateur de romans d'amour. Ils sont envoyés pour déjouer un sombre complot dirigé contre un inventeur ayant pour but de pourvoir la terre entière en électricité et en lumière. Très vite ils se frottent à divers milieux marginaux et à des personnages haut en couleurs. Tout les types de savants qui se penchent sur la lumière, de véritables sectes, entre les étheristes, les blinkites et autres lumino-dépendants... Lew Basnight, un jeune homme en fuite, dont les dons d'observations vont lui ouvrir une carrière de détective privé dans des affaires souvent farfelues mais le plus souvent dangereuses. La famille Rideout, père et fille, la mère étant partie au bras d'un magicien italien, Merle, le patriarche est un photographe en herbe ayant un talent sûr pour l'alchimie, ce qui lui vaudra des amitiés dans les milieux anarchistes. Ces derniers sont présents dès le début de l'histoire, tapis dans l'ombre, mais ce ne sont pas des anarchistes pacifistes, sirotant un café en parlant de leurs théories, ceux-là n'ont de langage que la dynamite, et comptent bien se faire entendre. L'histoire s'arrête tout particulièrement sur la famille Traverse, dont le père, Webb, mineur, est un dynamiteur infatigable. Cependant, malgré la prudence dont il a toujours fait preuve, il sera assassiné par deux mandataires du terrible Scarsdale Vibe, illustre homme d'affaires. Ses enfants : Lake, Kif, Franck et Reef, ne s'en remettront jamais et traqueront ses meurtriers à travers la terre entière, croisant les autres protagonistes dans des intrigues plus démentes les unes que les autres.
Contre-jour est beaucoup plus qu'un road-trip , c'est une véritable odyssée qui n'a rien à envier à celle d'Ulysse, de fait, les protagonistes du roman doivent même affronter la colère d'un dieu que l'on a dérangé de son sommeil sous les glaces islandaises. Les moyens de locomotion sont variés, il y a les réalistes : train, bateau, montgolfière.. et ceux sortis tout droit de l'imagination de l'auteur : des ailes qui marchent au courant éthérien, des combinaisons et machines pour naviguer sous les sables des déserts, sans exclure, évidemment la fameuse machine à voyager dans le temps. On explore ainsi les états-unis, mais aussi le Mexique, l'Islande, Venise, Vienne, l'Europe de l'Est, l'Asie et la cité merveilleuse de Shambhala. Les deux thèmes principaux qui sont développés dans ce livre sont bien sûr la lumière, d'où le titre, qui est traitée dans ses acceptions mystiques et mathématiques, soulevant des problèmes mais aussi des possibilités inattendues, et ensuite l'anarchisme, historiquement et humainement, cependant, Pychon ne prend a aucun moment parti pour aucun des camps, ce qui fait de ce roman un documentaire plus qu'un livre partisan. Comme à son habitude, ce grand auteur états-unien nous gave de références mythologiques, historiques, philosophiques, sans pour autant qu'on sente aucune vanité chez lui ou un quelconque élan professoral. En ce qui me concerne je prends ça comme des clins d'œil à ses lecteurs, moi même je dois passer à côté des trois quarts, n'ayant pas sa culture, mais je passe quand même des moments grandioses en le lisant. Il ne nous épargne pas non plus son discours mathématique et physique, encore plus développé que dans ses autres romans, mais essentiel dans la compréhension de l'intrigue, rassurez-vous, même si vous êtes nul en maths, on s'en passe très bien. Mon livre préféré parmi tout ce que j'ai lu étant l'Arc-en ciel de la gravité, du même auteur, j'ai trouvé dans Contre-jour énormément de points communs, et je n'ai pu qu'adorer ce nouvel ouvrage.