Début passable ; fin catastrophique. Giuseppe Rensi, socialiste pendant un temps et opposant au régime fasciste que Mussolini n’a pas osé garder prisonnier tant il avait peur de l’indignation publique que ç’aurait suscité, parvient quand même à soutenir des âneries dignes de certains de ses adversaires.
Thèses élitistes et essentialistes. Rensi titre son essai Contre le travail mais il affirme dans le même temps que la diminution du temps de travail et l’augmentation des salaires de la classe prolétaire auraient de « graves conséquences morales » puisque, ne sachant que faire de leur soudaine liberté, tous tomberaient tous dans le vice. Je suppose que dans l’univers de Rensi, les pauvres ne connaissent rien d’autre que l’usine et la bouteille… D’après Rensi, Aristote avait raison d’affirmer qu’il est dans la nature d’un individu d’être un esclave ou un homme libre. Certes, Rensi n’est pas pro-esclavage [à la grecque], mais il est tout de même convaincu de « l’éternelle nécessité de l’esclavage [au sens du travail] ».
Des conclusions absurdes dans un texte qui tourne en rond. Rensi répète une quinzaine de fois les définitions de ses trois (ou quatre) concepts majeurs et pourtant fort basiques : le travail (qui est équivalent à l’esclavage), le jeu et la contemplation. Tout ce que Rensi trouve à nous dire « contre le travail », c’est que le travail est une nécessité à laquelle on ne peut pas échapper et qu’il faut donc diviser la population en deux — ceux qui travaillent et ceux qui jouent (= contraignent les autres au travail). Un monde où chacun ne travaille que le minimum vital ? Inimaginable. Bref, merci pour rien, Guiseppe ! Ton manque d’imagination te déshonore.