Un récit qui te prend aux tripes
Contrecoups, c’est l’histoire d’un jeune homme, Matthew, schizophrène. Matthew avait un grand frère, Simon, atteint d'une grave maladie. Le jour où Simon meurt, Matthew ne sera plus jamais le même. Très vite, la maladie du serpent, comme il l’appelle, l’atteindra et il étouffera vite face à l’inquiétude grandissante de sa mère. Pour comprendre son passé, Matthew dessine et écrit.
L’histoire nous est relatée par Matthew. En utilisant judicieusement la première personne, Nathan Filer réussit à nous plonger dans l’histoire, dans la tête de Matthew. L’écriture est assez spéciale et peut être déroutante au début. Elle ne suit pas de règles propres. L’auteur use de répétitions, il passe d’un sujet à l’autre. Il y a également de nombreux flash back, lorsque Matthew nous parle de son passé, de son enfance, le style d’écriture change, lorsque Matthew reçoit une machine à écrire. Il y a des dessins, des lettres… et tout ceci nous plonge encore plus dans le récit et nous donne l’impression que Matthew est là, devant nous, à nous raconter son histoire. Nous sommes avec lui alors qu’il raconte son enfance durant laquelle il s’est souvent senti mis à l’écart par ses parents à cause de la maladie de son frère, nous sommes avec lui lorsque sa vie bascule quand sont frère meurt alors qu’il n’avait que dix ans, nous assistons à son adolescence chaotique où il commence à fumer de l’herbe et nous assistons également à sa descente dans la folie…
Le thème abordé par Nathan Filer est loin de lui être inconnu. Il a en effet été infirmier psychiatrique durant dix ans, il sait donc parfaitement de quoi il parle. Ce thème est donc traité de manière juste mais également de manière très délicate. Il ne fait pas étalage de ses connaissances mais plutôt de son ressenti et nous livre une vision plutôt intimiste de la maladie. Résultat : c’est émouvant, touchant et remarquablement raconté. Ce n’est pas évident d’allier la fiction avec un vécu personnel mais Nathan Filer l’a réussi.