Au 21e siècle, l’humanité a changé radicalement de système de gouvernance et est retournée à ce principe de base des plus logiques, des plus raisonnables, des plus fondamentaux : survivre et éviter la souffrance.
A cette fin, l’État lui-même contrôle la santé de tous ses citoyens ; la course à la santé et au bien-être physique a même conduit à l’éradication de maladies comme… le rhume. A tel point que le bruit d’un éternuement provoque la panique : plus personne n’a de système immunitaire capable de résister ne serait-ce qu’à un rhume.
La société entière est régie par la Méthode, la raison suprême, le bien-être physique à tout prix. La justice vous convoque si on vous trouve en train de fumer, boire, si vous ne communiquez pas vos bilans sanguins ou analyses d’urines obligatoires, si vous ne faites pas votre exercice quotidien. Tout cela, pour votre bien.
Les premiers chapitres font froid dans le dos, car l’obsession de la santé du corps n’est pas si lointaine actuellement.
Et puis l’histoire : un jeune homme est accusé d’avoir violé et tué une jeune femme, un test ADN prouve qu’il est coupable mais il nie, chose incroyable dans ce monde si dominé par la raison et le « bon sens » que les coupables ne nient jamais les faits qui leurs sont reprochés.
Et puis il se suicide en prison.
Sa sœur, adepte de la Méthode (comme tout le monde), vit assez mal le deuil (sans blague), mais le mal-être psychologique a l’air d’être moyennement reconnu par les autorités. Elle s’enfonce de plus en plus dans le doute, la remise en cause de la Méthode, et dans les démêlés judiciaires…
Ca aurait pu être bien, réellement. Mais lorsque je me suis rendue compte, passée les premiers chapitres, que l’auteur ne délaisserait pas son ton froid et assez documentaire, extrêmement détaché des personnages, et que les personnages eux-mêmes n’allaient faire que disserter longuement en prenant des poses intellectuelles peu naturelles, j’ai un peu renâclé à finir le livre.
Quasiment tous les dialogues -et ils sont nombreux- ne sont guère qu’une suite de phrases énoncées comme des vérités cyniques tirées de la dissertation d’un étudiant blasé, du type « La vie, c’est comme un bol de cornichon : [insérer ici comparaison terre-à-terre censée vous montrer comme le personnage est cynique] » (bon, la citation est inventée mais elles me faisaient à peu près toute le même effet).
Très dommage.
Bon, ceci étant, je l’ai lu en VO (en allemand, donc), et n’étant pas bilingue, j’ai pu tout à fait passer à côté de subtilités. Quoique...