Cosmopolis
6.4
Cosmopolis

livre de Don DeLillo (2003)

Chacun connaît l'histoire du type qui tombe d'une tour de 50 étages et qui se répète au fur et à mesure de sa chute : « jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien… mais (pour ceux qui auraient oublié la fin) l'important c'est pas la chute : c'est l'atterrissage. »
Cosmopolis c'est l'histoire inverse : celle d'un Golden boy plein aux as qui décide de quitter son Triplex de 104 millions de dollars, perché sur une tour de 89 étages. Et qui, une fois dans sa Limousine, en route pour aller se faire couper les cheveux , va connaître une chute aussi rapide que vertigineuse. Et qui, tout au long de cette journée « Capitale », ne va cesser de penser « rien ne va plus (ma prostate), rien ne va plus (le cour du Yen), rien ne va plus (mon mariage)… rien ne va plus (dans cette ville) » mais qui pourrait bien être satisfait de sa chute finale.


Dans un style proprement époustouflant, déroutant, chahuté, fracturé mais aussi pénétrant, beau, envoûtant voire hypnotique, Don DeLillo raconte sans doute encore bien plus. Nombreux insistent sur la place de New York dans son roman. La ville monde s'il en est : Cosmopolis. Mais au sens propre Cosmopolis pourrait tout aussi bien renvoyer à la notion d'ordre, de justesse voire de justice (cosmos en grec ancien désigne l'ordre aussi bien que l'univers et les cosmétiques tirent leur nom de leur qualité à remettre en ordre une beauté qui l'aurait perdu).


Peut-on croire en un ordre aussi superficiel et cruel que celui qui s'incarne dans nos villes tentaculaires, où chacun méconnaît son prochain ? Car tel est le projet de ce vivre ensemble-là : accolés plutôt que collectifs, disponibles plutôt que disposés, obnubilés plutôt que satisfaits. Concurrents plutôt que solidaires. Divisés pour de pures questions de devises. Cosmopolis bouscule par son style et ses images, sa violence sans demi-ton. Un Ovni littéraire (pour beaucoup) qui en soi. déjà, mérite d'être lu. Mais il me semble plus radicalement encore révolutionnaire. Si un spectre doit hanter le monde de la littérature, j'aimerais qu'il soit celui-là.

Julius-Grakus
10
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le 21 déc. 2021

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Julius-Grakus

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