Dépêché ‘au Nord du monde’ par son évêque, pour ranimer la foi d’un petit peuple de colons égarés mais aussi rétablir avec eux un troc depuis trop longtemps oublié, l’abbé Montanus va plonger dans un enfer glacé.
Mourant de froid et de faim ces gens n’ont d’autre choix que celui du retour à la barbarie naturelle et ancestrale, leur vie ne tenant plus qu’à un fil de bave ou au doux contact du collier de viscères encore chaudes. L’abbé, avec zèle et application, va briser, peu à peu, les dernières velléités de paganisme de ses ouailles en les soumettant à la torture, pour implorer, ensuite la miséricorde de Dieu dont il n’est que le très humble glaive vengeur et bras séculier.
Raconté comme un journal de bord, ce récit nous plonge dans une horreur sans nom, qu'on ne parvient toutefois pas à refouler tant l’écriture est aussi froide et neutre que le rapport d’un légiste. Et, c’est cette écriture, fascinante, qui nous amène, page après page, à oublier la violence indicible qui les habite et parvient même à nous raconter ce froid impitoyable qui nous glace rien qu’en les tournant. Car le vrai trésor de ce livre, c’est elle ! D’une érudition rare et aux tournures d’une grande richesse, elle est comme les enluminures d’un livre rare, calquant probablement celle utilisée à cette époque (mais non précisée)
On ne pourra s’empêcher de voir poindre à travers ces lignes une attaque à peine voilée contre ces grandes nations adeptes d’un prosélytisme naïf et brutal (de tous bords) toujours prêtes à dégainer le glaive pour imposer leur foi.
Un livre glacial mais à lire.