Apprentissage de la vie et du désir d'un garçon qui aura bientôt 15 ans. Ce que raconte Marie Gauthier dans son premier livre, Court vêtue, appartient à un thème presque éculé de la littérature. Ce n'est pas dans l'accumulation des péripéties que la romancière cherche à imposer sa marque mais dans l'ambiance générale, celle d'un été torride dans une bourgade somnolente. Marie Gauthier possède une jolie écriture mais peine toutefois à développer son intrigue qui n'en est pas vraiment une, entre son adolescent et la jeune fille de 2 ans plus âgée que lui dont la légèreté, dans tous les sens du terme, le fascine et le torture. Le point de vue du livre se situe plutôt de son côté mais il arrive que Marie Gauthier épouse aussi celui de la jeune fille pour expliciter ses sentiments vis-à-vis de son soupirant. Cela donne l'impression que la romancière n'a pas vraiment décidé à quelle place se situer si ce n'est dans celle d'une narratrice à la fois partie prenante et détachée. D'ailleurs, même si l'on partage souvent les pensées des deux protagonistes de Court vêtue, on ne ressent pas autant de profondeur qu'on aurait pu l'espérer. A l'inverse, les répétitions des faits et l'insistance sur certains traits psychologiques alourdissent le livre bien que celui-ci soit très court. Au demeurant, la fin est un peu bâclée, trop dramatique pour coller vraiment à la tonalité générale du récit. Malgré les frustrations que le roman engendre (l'avis est personnel et n'engage que son auteur, évidemment), la qualité du style de Marie Gauthier laisse à penser que, peut-être, elle est capable d'écrire dans le futur un livre qui laissera bien plus que la trace passagère et volatile de Court vêtue.