Après Timée qui a présenté le mythe bien connu du démiurge, c'est au tour de Critias de prendre la parole. Il entend développer le mythe de l'Atlantide, rapidement évoqué dans le Timée. L'histoire d'une cité, il y a 9000 ans, plus grande et plus puissante qu'on ne saurait l'imaginer, qui a souhaité envahir la Grèce et fut vaincu par l'Athènes de cette ère.
Contrairement à l'héritage qu'on en a reçu, l'Atlantide n'est donc pas une cité parfaite, mais une cité dont la puissance ne peut être détruite que grâce à la vertu que possédaient les athéniens à cette époque. C'est parce qu'ils ont érigé une cité juste que les athéniens ont pu gagner. Critias présente donc les deux systèmes politiques à chaque fois avec enthousiasme. Mais on doit bien comprendre que le bien est dans Athènes. Une Athènes frugale, presque misérable par rapport à la puissance contemporaine à Platon. Et l'Atlantide, elle, est remplie de richesse et n'hésite pas à afficher sa puissance. Pourtant, puisque la vertu véritable l'emporte toujours, c'est 20 000 athéniens qui auraient vaincu plusieurs centaines de milliers d'atlantes.
En une trentaine de page, le Critias offre un récit politique intéressant de par son angle de vue (présenter deux opposants, dont l'un semble, naturellement béni des dieux, et qui pourtant perdra face à la vertu véritable), mais qui reste cependant bien moins important que La République, Le Politique ou Les Lois. Sa brièveté et sa fin abrupte peuvent nous permettre de penser que le texte n'était pas fini, ou alors qu'on en a perdu une partie. Le doute subsiste néanmoins.
Le Critias est un texte rapide, dense. Comme dans le Timée, il y a une foule de détails qui sonnent comme autant de reproches à l'Athènes contemporaines de Platon. Pour autant, ce n'est pas nécessairement le traité politique le plus intéressant pour les apprentis philosophes.