"Faut se la palucher à l'ordre 5 celle là "

Ce que disait mon prof de physique des transports à propos de l'équation de Boltzman, je peux le dire pour ce Critique de la raison pure. Je ne dirai pas que ce fut un calvaire comme je craignais et comme tout le monde peut légitimement craindre en voyant un livre de 700 pages écrit en petit avec des phrases interminables mais c'est un livre qui demande un effort constant de concentration sous peine de perdre le fil de la pensée de Kant et de devoir revenir au début, mais nul doute que l'entreprise fut bénéfique et le 688 ième page un peu salvatrice quand même.

Bien que ça soit d'une grande difficulté ( sur le podium avec certainement Hegel et Heidegger), Kant tente constamment d'être le plus clair possible, en répétant ses propos, en définissant tous les termes qu'il emploie. C'est un livre d'une grande rigueur et grâce à cela, si on reste concentré, on peut ressentir du plaisir à suivre les raisonnements complexes du philosophe.
Alors ce n'est pas comme Nietzsche dans le sens où on ne lit pas Kant pour se dire " ah mais oui, il a trop raison" ou " ah j'avais jamais remarqué ça", ce n'est pas un livre pour comprendre le monde mais seulement ce qui est permis d'en comprendre avec certes toute la froideur d'une rigueur scientifique, mais c'est cette volonté de rigueur procure un plaisir admiratif.
Bien qu'il fusse critiqué par Hegel et par Schopenhauer, c'est un des rares philosophes qui mérite le respect pour s'être attelé à une tache aussi rébarbative et dont personne n'avait envie de se faire chier avec parce que oui, c'est bien plus marrant de faire de la philosophie comme Nietzsche que comme Kant.

Et on voit ce que sa révolution copernicienne à apporter à la philosophie, notamment à la phénoménologie avec Husserl, Merleau-Ponty et Sartre ( pas sûr que ça ait abouti à de bonnes choses avec Sartre...).

Bref, lire l'oeuvre majeure de Kant reste un grand moment et à condition de prendre le temps; il y a des étapes dans la vie, tout comme il y a des étapes dans la pensée et ce Critique de la raison pure en est une.

Plus qu'à lire Critique de la faculté de juger et enfin, je pourrai m'attaquer au Monde comme volonté et comme représentation !