Décliné en bd, en film, en dessin animé, voire en porno zoophile, le mythe de Croc-Blanc est devenu universel et intergénérationnel au point que l’on en oublierait presque qu’à l’origine se trouve ce fabuleux roman du non moins fabuleux écrivain qu’est Jack London. Aventurier, explorateur, marin, l’auteur de Martin Eden a roulé sa bosse aux quatre coins du monde pour en extraire des centaines de récits et autres anecdotes où puiser l’inspiration de ses incroyables histoires. Croc-Blanc en est le plus bel exemple. On y suit le périple sauvage et mouvementé d’un chien-loup, de sa naissance auprès de sa maman louve dans ce glacial jardin d’Eden qu’est l’Alaska, jusqu’à son adoption au sein d’une tribu indienne. Croc-Blanc y apprendra la discipline, la soumission aux hommes autant que la rivalité avec ses congénères canidés qui ne lui laisseront aucun repos. C’est dans ce parcours initiatique violent, hostile, que Croc-Blanc va se construire, poussé par ses rivaux à devenir plus rapide, plus puissant, plus malin que les autres. Au-delà de son exégèse philosophico-animalière opposant nature et culture, le roman de London est surtout un formidable récit d’aventure à hauteur de loup. On suit avec émotion son parcours semé d’embûches, ses peines et ses découvertes, son apprentissage de l’amour pour finalement refermer le livre chamboulés, mû par l’irrépressible désir de céder à L’Appel de la forêt.