Pas de Aurel, l’inénarrable consul créé par Jean-Christophe Rufin, dans D'or et de jungle et c'est un regret car son personnage aurait pu donner quelques couleurs à un récit qui semble surtout destiné à exposer le concept de "coup d’État clefs en mains." Forte intéressante, d'ailleurs, cette idée et sa mise en œuvre, intelligemment reliées aux aspirations hégémoniques des plus puissantes multinationales des technologies de l'information et de la communication. Le fond est sérieux et très documenté mais l'intrigue qui tourne autour, aussi crédible qu'elle soit, patine un peu et n'offre pas totalement le mélange de fantaisie et de profondeur que tente de concocter l'auteur. Brunei, territoire bien connu des philatélistes, à défaut de l'être par les touristes, est un cadre exotique a priori bien choisi mais qui possède peu de potentiel de diversité, eu égard à sa taille réduite et à son régime autoritaire. Entre les financiers du coup d’État, les cerveaux de l'agence tous risques chargés des opérations et les infiltrés sur place, l'action se déroule sur un faux rythme en attendant l'inévitable twist final. Dans un style peu flamboyant, le roman se lit sans ennui, certes, mais ne côtoie jamais les sommets. Et ses différents protagonistes, assez caricaturaux dans l'ensemble, n'ont vraiment rien d'attachant. Ah, si un certain consul s'était invité dans la danse, le tableau aurait été sans aucun doute plus attrayant, les lecteurs de Rufin n'ignorant point que que Aurel est hardi.