Critique de Shaynning
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« Les médecins n’expliquent rien parce qu’il n’y a rien à expliquer. Un garçon se perd, appelle à l’aide et c’est moi qui le trouve. Point. » Enfin, tout n’est pas si simple. Julie s’est réveillée un matin en hurlant. Elle avait fait un rêve. « J’étais un petit garçon. J’étais dans la forêt d’Hokkaido. J’étais seul. J’étais perdu. Pire que perdu. Abandonné. » Très vite la collégienne comprend que ce rêve n’en est pas vraiment un. Que ce garçon existe. Qu’à des milliers de kilomètres de la France, il est entré en contact avec elle. Ou l’inverse. Et à chaque fois qu’elle s’’endort, elle se retrouve dans son corps. Elle le guide comme elle peut. Affronte avec lui le froid, la faim, la peur des ours qui rôdent. Et plus le garçon faiblit, plus Julie sombre dans une fièvre qui la met en grand danger.
Quel bonheur de retrouver la plume délicate d’Éric Pessan. Il y a dans son écriture un charme indéfinissable qui m’emporte à chaque roman. Ici il met en scène Julie, un personnage déjà présent dans « Plus haut que les oiseaux » et « Les lumières dansaient dans le ciel ». Une Julie frappée malgré elle par un don de télépathie qui lui fait ressentir les maux de celui dont elle est devenue l’ange-gardien, sans le vouloir ni le choisir. On vit intensément le désespoir du petit garçon, on écoute avec lui les bruissements, cris et craquements de la forêt, tout sonne juste quand les esprits de Julie et de l’enfant partagent le même corps, tout s’imbrique parfaitement, même lorsqu’une histoire parallèle concernant les migrants vient se greffer à l’intrigue principale.
Un roman jeunesse entre rêve et réalité où les passerelles reliant les deux mondes se tissent avec un naturel et une limpidité qui forcent l’admiration. La partition est sans faute, le plaisir de lecture immense.
Créée
le 19 sept. 2017
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