Dans la gueule du dragon est un roman de space opéra, à tendance hard SF, rédigé par Laurent Gennefort en 1998. Il met en scène Jarid Moray - et c'est difficile de le lire sans penser à Booba -, un négociateur employé par un conglomérat pour aller régler la situation politique explosive dans l'une de leurs colonies. Seul problème : cette dernière est située sur un îlot artificiel dérivant dans un immense océan de magma.
Le roman ressemble à tous ces morceaux de SF sympathiques qui ont l'air d'avoir été écrits comme des quêtes de RPG. À une première phase de découverte de l'univers très orientée sur la mise en valeur du lore, on découvre quelques personnages secondaires qui incarneront des factions et le héros papillonnera de l'un à l'autre, au gré de quelques péripéties tirées du récit d'espionnage.
Le récit de Gennefort se distingue par une excellente présentation de son univers. Si on se noit un peu sous le jargon volcano-physicologique, la description presque vernienne de la façon dont fonctionne cette île flottante de feu est passionnante et les quelques peintures de l'océan de lave sont particulièrement plaisantes. Les ajouts plus cyberpunk au lore, qui se concentrent autour des outils, des armes, des implants utilisés par les personnages, sont plus conventionnels, malgré une bonne scène de combat via le drone insectoïde qui accompagne le héros.
Il est dommage que ce bel écrin emballe une histoire dont les tenants et les aboutissants apparaissent a contrario assez pauvres. L'intrigue se déroule comme une enquête sans beaucoup de saveur, avec les trahisons de circonstance attendues, et le complot politique structurant le tout demeure très basique. Le personnage principal est intéressant dans sa volonté de plier les situations tendues avec une forme de cynisme mais sans nihilisme mais il manque une profondeur à l'écriture qui rendrait cette affaire aussi intéressante que son décor.
Un roman qui se parcourt comme une quête de Mass Effect. Sans splendeur mais le voyage vaut quand même le coup tout bien pesé.