Marc BOULET, après s'être mis dans la peau d'un chinois (pays d'origine de sa femme, Gloire) en 1988 à 29 ans, décide de s'immerger en Inde dans celle d'un intouchable, caste pourtant abolie officiellement en 1947 après l'indépendance de l'Inde et qui comprend 130 millions de personnes soient 15 % de la population indienne. Il commence par apprendre l'hindi le 12 mars 1992, ingère du méthoxypsoralène (toxique) pour colorer sa peau qu'il badigeonne aussi de nitrate d'argent. Il débarque par avion à New Delhi le 19 juillet avant de se rendre à Bénarès (Uttar Pradesh), ville sainte hindoue de 800 000 h, sur la rive gauche du Gange, fondée il y a 3 000 ans et où il parfait son hindi. Le 27 octobre, il commence son rôle de composition (sous le nom de Râm Mundâ, aborigène) en vivant dans la rue où il mendie, principalement à la gare. Il décrit ses sentiments, sans filtre : peur (notamment d'être arrêté par des policiers qui pourraient découvrir son subterfuge), faim, ennui, mépris de la part de tous mais aussi de lui-même, décrivant un monde hypocrite et dur ("Il n'y a pas de fond à la misère"), du chacun pour soi, sans solidarité. Il arrête son expérience le 6 décembre et rentre en France le 6 janvier 1993. Son récit est sans concessions pour la société indienne mais aussi pour lui, révélant ses faiblesses et ses pensées mauvaises, ce qui le rend attachant. Un livre aussi intéressant qu'un traité d'ethnologie et de sociologie, même s'il reste subjectif.