Quelques jours après avoir dévoré « Ceux qui tombent », je voyais une nouvelle occasion de suivre les pas d’Harry Bosch dans une de ses enquêtes. En effet, « The Black Box » a vu sa traduction française apparaître dans les rayons le mois dernier sous le titre « Dans la ville en feu ». Edité chez Calmann-Levy, cet ouvrage de format classique se compose d’un petit peu moins de quatre cents pages.
Harry Bosch est mon personnage de littérature préféré. Il s’agit du premier héros récurrent de roman policier dont j’ai suivi les aventures. De là est née une affection particulière à son égard. La plume de Michael Connelly a su entretenir la flamme tout au long des dizaines d’enquêtes qu’il m’a permis de découvrir. Bosch est un inspecteur comme on les aime. Il a un sens aigu des valeurs même si celles-ci ne sont pas toujours en accord avec les injections hiérarchiques. Son côté rebelle et sa quête perpétuelle de la vérité en font quelqu’un d’attachant. Sa personnalité complexe et à fleur de peau complètent un tableau réussi.
« Dans la ville en feu » nous plonge plus de vingt ans en arrière. Nous sommes au beau milieu des émeutes de Los Angeles de 1992. Les meurtres s’accumulent et la police est débordée. Bosch et son coéquipier se trouve sur la scène du crime d’une journaliste danoise dans une ruelle. Le chaos régnant à l’époque fait que l’enquête est bâclée faute de temps et de moyens. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts et Bosch travaille maintenant aux Affaires non résolues. Le hasard fait qu’il se trouve chargé de revenir sur le dossier d’Anneke Jespersen…
Le prologue nous immerge dans la première rencontre entre Bosch et la victime. L’oppression des émeutes est bien transcrite et génère une tension qui m’a immédiatement happé. La frustration de Bosch transpire des pages. Cela explique le fait qu’il se sente en mission quand l’affaire lui est confiée deux décades plus tard. Ce n’est pas la première fois que l’inspecteur doit se plonger dans un dossier aussi ancien. Je trouve ce type d’enquête originale. Sa résolution demande un exercice cérébral différent. De plus, ces histoires confrontent aussi deux époques. L’évolution technologique fait que le métier a évolué, que les méthodes ont changé. Je trouve toujours intéressant de montrer cette évolution.
Il est évident qu’enquêter sur un événement si ancien modifie l’échelle classique du temps. Lorsqu’un meurtre a lieu, on a coutume de dire que tout se joue dans les quarante-huit heures. Cela offre une intrigue souvent frénétique. Dans le cas de « Dans la ville en feu », la trame n’entre pas dans ce canevas-là. Dans un premier temps, il s’agit pour Bosch de trouver une porte d’entrée dans le dossier rempli par d’autres que lui il y a bien longtemps. Cette phase de recherche est habilement contée par Connelly. J’ai pris plaisir à suivre les débuts de pistes suivies par son héros. J’avais vraiment la sensation d’avancer dans un brouillard pas à pas sans trop savoir si la direction était la bonne. Cela donnait un réaliste à l’histoire. En effet, il aurait été surprenant que d’un claquement de doigts toutes les pièces du puzzle soient sur la table. Bosch trouvent les pièces une par une et sans savoir si elles appartiennent bien au tableau.
La pelote très emmêlée se déroule petit à petit. Evidemment, au fur et à mesure, le fil conducteur se déploie de plus en plus rapidement. L’adrénaline augmente et les événements nous mènent dans des contrées insoupçonnées aux premiers abords. Le squelette narratif est remarquable. La densité de l’intrigue est splendide et offre une lecture passionnante. Il est impossible de lâcher le bouquin une fois entamé. La lecture est enthousiasmante. Je ne tiens pas à vous développer davantage mon point de vue sur la trame, j’aurais trop peur de vous dévoiler certains aspects de l’enquête. Le plaisir dans ce type de roman est la curiosité, la surprise et le suspense. Pourquoi prendrais-je le risque de vous en gâcher une partie ?