Ah moi qui croyait ouvrir le livre d'un humaniste en quête de sincérité et de sobriété au travers des forêts de Sibérie. C'est un livre qui aurait en effet gagné à être écrit par un être doué de modestie et d'une honnêteté qui aurait rendu ce journal beaucoup plus vrai. Seulement voilà, Sylvain Tesson est un connard prétentieux qui s'écoute parler et se lit aussitôt qu'il accouche d'une phrase sur sa page. Tesson a écrit ce livre pour lui, et pour personne d'autre.
Lui nier tout talent d'écrivain serait mal honnête. Certes, par moment, Tesson a le sens de la formule. Mais celles qui ressortent du lot ont tendance à être noyées dans un flot tellement travaillé et réfléchis, qu'elle en perdent quasi leur pertinence. L'auteur se perd dans la recherche stylistique et l'agacement qui en ressort gâche le plaisir qu'on pourrait avoir en lisant ce livre. Dès les premiers mots, on sent l'arnaque dans le projet de l'auteur. Sa "déconnexion" n'est envisagée que dans l'immédiate projection de sa reconnexion et de l’œuvre qu'il souhaite en faire ressortir, plutôt qu'en tant que réel expérience personnelle.
Quittons nous sur un des messages hautement, vertigineusement même, philosophique que nous livre Tesson : « Aujourd’hui, j’ai écrit des petits mots sur le tronc des bouleaux : « Bouleau, je te confie un message : va dire au ciel que je le salue. »