Balayé par la pluie et le vent, "Danse avec Nathan Golshem" est un roman apocalyptique d'une noirceur étouffante. Dans un futur proche, les hommes ont été chassés par... d'autres hommes. Lutz Bassmann n'écrit rien d'autre que le capitalisme sauvage, des rapaces rôdent, les anarchistes opèrent depuis des sous-terrains crasseux et la langue est le dernier Graal. « fiction » nous informe la couverture. Tout de suite on respire un peu, quoique les images reviennent : la violence, la saleté, le froid, et cette femme qui danse, inlassablement, sur la tombe de son mari comme pour le réveiller.
Antoine Volodine signe sous un des ses noms d'emprunt une fable cauchemardesque, autant politique que poétique, où l'humanité, mitraillettes et courage à la main, meurt en perdant son langage. Si la force d'évocation rappelle parfois "La route" empruntée par Cormac Mc Carthy en 2008, le chemin tracé ici par Volodine est tout aussi personnel et radical.