Sur la route de l'amour, un auto-stoppeur nommé Stendhal.

Vouloir définir l'Amour et ses frontières dans un seul et même essai représente toujours un pari extrêmement risqué chez l'écrivain. Mission impossible chez le poète, désert morne et froid chez le neurobiologiste. Ce pari un peu fou a été relevé par le seul superamoureux du XIXème siècle, le seul homme qui en était véritablement capable au milieu de tous les névrosés du cœur: Stendhal, alias docteur folamour.

(Ci-joint par l'auteur, un spoiler vous livre un conseil love inédit et infaillible)

Dès le début de l'ouvrage il agrippe ses instruments dont il a le secret et dissèque l'individu, l'homme, la femme, le pays dans lequel ils vivent, sous quel régime politique et dans quelle société. Toujours sous le prisme de l'amour suprême.

Si sa capacité d'analyse souffre souvent de raccourcis et de syllogismes, son raisonnement et sa méthode sont implacables. Les exemples qu'il choisit pour étayer ses propos sont savoureux car hors de notre temps mais toujours justes.

On peut aussi lui reprocher d'être parti trop loin en croisade contre l'amour qu'il pourrait appeler l'amour gâché, crime commis par beaucoup de français en son temps ou par d'autres peuplades obscures venues du nord. Son grand amour pour le sud et sa trahison envers la France en débectera plus d'un, MOI J'EN SUIS !

Ce livre ne vous fera pas chavirer comme les grands romans de badinages de l'époque, il ne vous sera pas non plus d'une grande utilité pour régler vos affaires amoureuses complexes que même Shakespeare ne saurait démêler.

Livre amusant au final.
Amusant de voir que l'amour, les hommes et les situations ne changent pas. Amusant de voir que des gens comme Stendhal ont misé leur temps de vie pour pondre 400 pages sur le sujet. Amusant de voir que les lecteurs "De l'amour" cherchent dans ce texte l'amour fou. Qu'ils passent leur chemin car il est question ici de l'amour froid, qui domine sèchement les âmes, ou du moins, une d'entre elles.

J'ai mis 8 pour la performance sinon c'était 7.

Finalement oui, Stendhal c'est un peu l'auto-stoppeur que vous avait pris la semaine dernière. Marginal, un peu perché mais plein de vie et d'expérience.
Et pour avoir de l'expérience, Stendhal en a ! Vous n'imaginez pas le nombre de petits culs qu'il a soulevés. Le nombre de cœurs qui se sont recueillis à son chevet.